1. Louise - 1944 (2)


    Datte: 31/01/2023, Catégories: Hétéro Auteur: Bugsy, Source: Xstory

    Retour en France... pas par la mer cette fois, mais par les airs, sur un des premiers vols de la TWA. À Paris, je loue une voiture et c’est ensuite le départ pour la Normandie. Mais, arriver « par l’intérieur » cela est bien différent de ma première approche de cette région, et je ne me souviens pas de grand-chose. Je n’ai pas de points de repère, surtout que depuis mon passage il y a eu d’autres bombardements sur la région, et puis, sans doute, on a dû commencer de rebâtir ce qui à l’époque était en ruine... Retour à Sainte-Mère-l’Église, le seul nom propre dont je me souviens. Je sais que je n’en étais pas trop éloigné.
    
    Dans le seul café ouvert sur la grand-place, je tente de me renseigner. Je décris tant bien que mal la ferme, la grande salle où j’étais entré (mais elles doivent toutes se ressembler), j’évoque une certaine Louise...
    
    - Ah oui... il y avait en effet pas loin d’ici une jeune femme qui se prénommait Louise, oui... je m’en souviens... mais elle est morte l’an dernier, emportée par la tuberculose.
    
    Renseignement pris, ce ne peut être « ma » Louise, celle-ci était beaucoup plus âgée. Le patron n’ayant pas d’autres renseignements à me donner, je me tourne vers une table où quatre hommes d’un âge respectable vident leur canon de vin rouge et je renouvelle ma demande.
    
    - Louise... Louise... non... je n’vois personne qui s’prénomme ainsi, dit un premier buveur.
    
    - Mais si, té ! La cadette des B..., la fille à gars Gaston, c’est pas Louise qu’elle ...
    ... s’appelle ?
    
    - Ben... oui ! P’tet ben !
    
    – Et l’aurait quel âge vot’ Louise ?
    
    – Je pense entre 20 et 22 ans.
    
    - Ses ch’veux ?
    
    - Blonds... un blond très clair...
    
    - Oui, pardi ! C’doit être ça... en sortant de Sainte-Mère, en direction de Ravenoville, enfin en direction d’la côte, à environ un kilomètre, z’avez une sente sur vot’ drète. Sur ce ch’min vous avez d’abord une première ferme, abandonnée, qu’n’a point été réparée après les bombardements de 44. Vous suivez core un peu l’chemin puis vous tournez sur vot’ gauche et vous tombez su’ un cailloutis qui mène au lieu dit « La métairie ». C’est là qu’il loge l’Gaston. Et j’suis certain qu’c’est ben sa cadette q’vous cherchez !
    
    J’ai l’impression que je touche au but... je remercie vivement et leur offre une tournée, ce qu’ils acceptent bien volontiers. À condition, bien sûr, de trinquer avec eux. Cela, ce n’était pas prévu dans mes plans... mais je ne me vois pas refuser, alors...
    
    La conversation reprend...
    
    - C’t’une belle fille maint’nant la Louison. Pi, sérieuse ! C’est point elle qu’on voit traîner dans les rues. Toujours avec sa mère, ou alors avec le Gaston. Une bonne famille, des gens sérieux et respectables... mais... c’est ti quoi qu’vous lui voulez à la Louise ? dit un premier buveur.
    
    - Les jeunes, dans l’canton, y z’aiment point trop qu’les filles d’ici elles soient courtisées par des étrangers... renchérit un second...
    
    - Oh vous savez, moi je parle de Louise parce que c’est le seul prénom dont ...
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