Couleur Tournesol
Datte: 02/09/2018,
Catégories:
hagé,
fagée,
campagne,
jardin,
amour,
dispute,
nonéro,
mélo,
Auteur: Musea, Source: Revebebe
... pris en flagrant délit dans son jardin, en train de voler des framboises. Des gosses évidemment, mais tout de même…Dieu merci, demain ils ne seront plus là. La vie du village pourra enfin reprendre son cours normal !
Son cours normal ? Mais il ne voulait plus de cet ennui grisâtre que les gens d’ici appelaient tranquillité…Il en avait assez de ce repli sur soi bien-pensant, donneur de leçons et délateur. Ce n’était pas ça la vie ! La vie c’était l’imprévu, le partage, tout ce qui donne de la couleur, qui met l’hiver en été, qui empêche de vieillir ! La vie c’est une femme tournesol qui vous met les sens en révolution et le cœur avec, c’est le dépassement des préjugés, c’est un regard par delà les habitudes, c’est accepter l’inconnu qui fait si bien les choses…Il s’apprêtait à dire tout cela à Mme Bertin mais il n’en eut pas le temps. La porte du salon donnant sur le jardin, claqua derrière lui avec fracas.
Ethel avait tout entendu et s’était enfuie, brisée de chagrin…
Bien que bouleversé, Roux réussit à garder son calme, invoqua un courant d’air et reconduisit Mme Bertin au portail.
Il devait joindre André le plus vite possible.
— Allô ?
— Miladiou André Lambert, comment tu as pu faire ça ?
— C’est toi, Roux ? Évidemment, c’est bien de toi de m’agresser de cette façon ! Il faut que tu brailles après la bataille alors que tu n’étais même pas capable de rabattre son caquet à cette mégère il y a quelques jours. À croire que tu préfères l’humiliation publique. ...
... Eh bien pas moi, figure-toi ! J’en ai marre de devoir me sentir coupable vis à vis de ces vauriens ! Les lois sont faites pour tout le monde et s’ils ne les respectent pas, c’est l’expulsion.
— Même quand il y avait possibilité d’arrangement à l’amiable ? Ethel l’avait proposé mais tu as préféré lui faire une remarque désobligeante sur ses origines. Ça t’aurait tellement coûté de te comporter avec respect vis à vis d’elle…Je suis écœuré de ton attitude. En soixante cinq ans d’amitié, jamais tu n’avais été capable d’autant de bassesse.
Un ricanement lourd de sens.
— Ethel ? Alors c’est vrai ce que m’a dit le maire, elle t’a embobiné hein ? Mon pauvre Gilbert, tu es vraiment pitoyable avec cette gitane. Tu crois vraiment qu’elle s’intéresse à toi ? Mais tu dérailles complètement mon bon !
— Et toi, tu dois vraiment avoir le cœur pourri pour chasser des familles sans le sou, au prétexte qu’une femme a blessé ton orgueil ! Femme qui d’ailleurs ne t’en tient pas rancune et qui a même excusé ton comportement…
— Encore heureux, c’est elle qui était en tort. Je n’ai pas envie de me justifier de mes actes, Roux. Je les assume, je les vis sans culpabiliser depuis longtemps. Et tu devrais bien en faire autant.
— Peut-être que tu assumes mais tu deviens de plus en plus aigri et replié sur toi. Tu refuses de voir les gens autrement que sous l’angle de tes préjugés, sans jamais leur laisser une chance…Et tu vois, c’est ça que j’aime pas chez toi ! Depuis cinq ans que nos femmes ...