Couleur Tournesol
Datte: 02/09/2018,
Catégories:
hagé,
fagée,
campagne,
jardin,
amour,
dispute,
nonéro,
mélo,
Auteur: Musea, Source: Revebebe
... tournesols, de part et d’autres du chemin où ils marchaient, semblaient une allée de serviteurs écoutant leur reine avec attention et respect. Le moment était magique. Et Roux se laissait aller à la rêverie si douce des amoureux…
C’était la première fois depuis la mort de Geneviève que son vieux cœur tressaillait ainsi pour une inconnue. Et il en éprouvait émotion, trouble et gratitude. Ethel avait en une après-midi, balayé cinq années de jours gris, de solitude et lui avait redonné une légitimité perdue. C’était presque irréel tellement c’était doux, fort, puissant. Un peu comme lorsqu’il s’amusait à fixer longtemps la mosaïque noire et blanche du clocher de Perrier ou le regard du cupidon de pierre qu’il aimait tant, et qui ornait le balcon ouvragé d’une demeure bourgeoise de la grand-rue.
Il regarda sa compagne avec adoration. Ah, s’il avait eu vingt ans de moins…
Alors pour cacher la petite larme de regret qui n’aurait pas manqué de couler, il alla couper un beau tournesol qu’il lui offrit en lui disant:
— Je trouve qu’il vous ressemble, Ethel.
Elle avait rougi sous le compliment avant de planter, aussi émue que lui, deux baisers sonores sur les joues du vieil homme.
Il était presque huit heures quand la gitane prit congé.
Elle aussi se sentait bien avec Roux. Pour une fois, elle n’était pas jugée négativement par un gadjo mais aimée pour elle-même, sans préjugés. Et ça n’était pas arrivé depuis si longtemps…
Elle n’eut aucune difficulté à lui ...
... promettre de revenir pour un pique-nique le lendemain.
Elle était si heureuse…
Passèrent ainsi deux jours. Des jours de bonheur et de complicité à deux. Où les secondes, les minutes sont autant de trésors que toute une vie. Où les cœurs font toc toc dès qu’ils s’aperçoivent, où les regards disent plus long que tous les discours, où chaque moment a la couleur du soleil.
L’après-midi du troisième jour, alors qu’ils étaient confortablement assis l’un près de l’autre sur le canapé du salon, à regarder un album photos, le carillon de l’entrée retentit.
— Qui diable peut bien sonner à cette heure ?
— Peut-être un voisin en détresse ?
En fait de voisin, c’était une voisine, Mme Bertin, secrétaire de mairie à Chidrac. Et elle n’était pas en détresse.
Un peu gênée, elle lui tendit simplement un curieux papier à en-tête de la sous-préfecture d’Issoire. C’était une ordonnance d’expulsion du camp des gitans. Effective le lendemain à huit heures pour trouble à l’ordre public et vol aggravé sur le terrain de la commune. Le cœur faillit manquer à Roux à cette lecture. Blanc comme un linge, il demanda le pourquoi d’une telle décision.
— Votre ami Mr Lambert a contacté Mr Veillard après ce qui s’est passé dans votre propriété. Aussi, le conseil municipal, Mr Pradier en tête, a décidé de réagir. D’autant plus qu’il y a eu quelques dégâts aussi chez Mlle Dupuy.
— Et Mr le Maire est vraiment sûr que se sont les gitans qui en sont à l’origine ?
— Assurément. Mlle Dupuy les a ...