1. Couleur Tournesol


    Datte: 02/09/2018, Catégories: hagé, fagée, campagne, jardin, amour, dispute, nonéro, mélo, Auteur: Musea, Source: Revebebe

    ... pains.
    
    Ethel sourit. C’était vraiment un monsieur charmant. Et affable comme le sont les hommes du monde. Elle regardait les mains noueuses de Roux sur sa tasse de café, ses yeux gris qui pétillaient de contentement et de gentillesse, la chemise à carreaux bleus entrouverte sur un cou usé d’où émergeaient quelques poils blancs, et se sentit émue. Il n’était pas du tout le vieux barbon qu’elle aurait pu imaginer la veille. Et pour un peu elle l’aurait presque trouvé séduisant.
    
    Elle aimait son sourire, la tendresse et la franchise qui en émanaient, mais aussi un je ne sais quoi qu’elle n’arrivait pas à définir et qui, par delà l’épisode de la veille, l’avait poussée, malgré le sentiment de vexation et d’humiliation qu’elle avait ressenti, à lui rendre visite.
    
    Roux de son côté, détaillait son interlocutrice avec curiosité. Hier, emporté par la colère, il n’avait gardé d’elle qu’une image floue hormis son large jupon jaune et ses longs cheveux noirs. Installée face lui, à présent, il pouvait la contempler à son aise.
    
    Elle était habillée comme la veille mais avait pris soin de mettre, à la place du tee-shirt sale, un chemisier noir qui la faisait ressembler à une fleur de tournesol. Elle avait de grands yeux bruns, rassemblé ses longs cheveux en un chignon épais, suspendu à ses oreilles de jolies dormeuses or et turquoise, et lorsqu’elle souriait, deux fossettes se creusaient dans sa joue. C’était une jolie femme, avec les rondeurs de la cinquantaine et un visage ...
    ... étonnamment juvénile.
    
    Le genre qu’il aurait volontiers courtisé il y a vingt ou trente ans…Il rougit un peu à cette idée, totalement hors de propos vu son âge, et termina rapidement son café.
    
    — Je…vous aimeriez voir mon jardin ? proposa-t-il pour la retenir près de lui.
    — Pourquoi pas ?
    
    Un peu plus tard, Ethel proposa une promenade sur le chemin des grottes qui sillonnait la campagne à travers champs. Roux accepta. Il était heureux. Le chagrin et la solitude s’étaient comme envolés dans le ciel bleu. Et il réalisait d’autant plus combien une présence féminine lui avait manqué.
    
    Ethel, comme son jupon jaune, mettait de la couleur et de l’éclat, partout où elle passait. Elle était gaie, riait à tous propos, savait écouter mais aussi comprendre un tas de choses. Et Roux se détendait. Il ne pensait même plus à sa dispute avec André. Tout était devenu si facile…
    
    Elle avait passé son bras sous le sien presque instinctivement puis un peu plus loin, après quelques confidences mutuelles, entremêlé ses doigts à ses doigts. Et ce geste tout simple d’intimité, le rendait à l’état d’homme, de protecteur et de confident. Elle lui parlait de son enfance, de ses longues pérégrinations à travers la France, le pèlerinage aux Saintes Maries quand toutes les caravanes se retrouvaient et qu’elle regardait le soleil avec ses amis descendre sur la plage. Elle racontait si bien que Roux croyait sentir le vent de la mer dans ses cheveux et dans ses oreilles le bruit des vagues.
    
    Les ...
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