1. J'ai trouvé l'eau si claire... (1)


    Datte: 27/01/2023, Catégories: Hétéro Auteur: bisensuel, Source: Xstory

    ... que sa discrétion, à ce stade de nos conversations, n’est pas due qu’à une volonté de préserver un certain anonymat, même si elle me dit rencontrer beaucoup de gens à son travail, et vouloir se protéger.
    
    Elle a définitivement piqué ma curiosité, et lorsqu’elle me propose un rendez-vous chez elle un samedi soir, j’accepte volontiers malgré la centaine de kilomètres qui nous sépare.
    
    Et me voici donc sur le trottoir humide d’une bourgade du Sud Ouest, un soir d’hiver, à l’heure de l’apéro, le doigt sur la sonnette d’une maison sans charme, amusé par le cocasse de la situation.
    
    Trois coups brefs.
    
    La porte s’ouvre enfin sur un regard qui me cloue sur place.
    
    Comme je le pressentais, Sylvie est plutôt ronde, pour ne pas dire nettement plus. Elle porte une robe noire très décolletée sur des seins d’une pâleur extrême rehaussée par le tracé de veines bleutées. Une épaisse chevelure noire et un rouge à lèvres très sombre accentuent son côté gothique – elle travaille dans la musique, c’est une spécialiste du rock alternatif.
    
    Je m’attendais peu ou prou à cette apparition. Mais son regard me pétrifie.
    
    J’aurais voulu planter mes yeux dans les siens avec une intensité calculée (ma spécialité!), mais pas moyen de savoir où darder la flèche de mon regard. Sylvie est affublée d’un terrible strabisme, ses yeux partent à l’assaut l’un de l’autre, laissant son vis-à-vis totalement désemparé. Elle semble retournée sur elle même, comme regardant à l’intérieur, totalement ...
    ... inaccessible, et lorsqu’elle parle enfin, j’ai l’impression qu’elle s’adresse à un esprit invisible, une personne cachée dans l’obscurité du couloir, un ami imaginaire... mais pas à moi.
    
    Sa voix provoque un second choc, elle est grave et rauque, un peu empâtée, manifestement abimée par le tabac et l’alcool.
    
    Ma sidération a été de courte durée, je me ressaisis vite et l’embrasse rapidement sur les deux joues, hâtif stratagème pour masquer ma surprise et mon amusement.
    
    J’ai voulu jouer, me voilà servi. La situation est d’un comique que je suis cependant le seul à pouvoir apprécier. Je souris sous cape en la suivant dans le couloir qui mène à son salon, mal assurée sur ses talons, engoncée dans la robe sexy qui la boudine affreusement et laisse paraître le haut de ses bas. Je suis tout de même pris d’une légère appréhension quant au déroulé futur de la soirée.
    
    Elle m’invite à prendre place dans un vieux canapé défraichi, face à un agréable feu de cheminée, et m’offre à boire. La conversation, maladroite, s’oriente vers la musique, elle me passe des morceaux de hard rock industriel, un groupe belge qu’elle s’occupe de faire tourner, pas vraiment l’ambiance feutrée qui sied à une soirée pré-coïtale.
    
    Elle fume sans discontinuer, des roulées, boit beaucoup, moi un peu, et l’ambiance se détend doucement sur le mode de la bonne camaraderie. La perspective d’une nuit torride s’estompe gentiment, mais cette fille est cool, on s’entend bien.
    
    Le charme érotique se rompt ...
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