1. Petits meurtres entre conjoints 2 - Abigail et Richard


    Datte: 29/12/2022, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Laetitia sapho, Source: Hds

    ... Abigail.
    
    « Ça promet » grommelle-t-elle intérieurement.
    
    A bord, Deborah pétassait, John étalait sa science et Abigail fulminait en regardant défiler les cabanes des bidonvilles de la banlieue de Port-au-Prince.
    
    « Magnifique ! J’aurais mieux fait de me commander une autre Margarita bien tassée et de me taper le serveur. En plus, peut-être qu’il a un copain disponible aussi ce serveur … »
    
    Puis :
    
    « Et dire que j’ai loupé un plan-cul avec un ou deux jeunes hommes sûrement bien membrés et endurants. Tout ça, pour entendre les jacassements … Non, jacasseries ! de cette conne de Déborah Turner. Et l’autre con de John, débiter (débiter, joli verbe !) ses platitudes. Au moins, les jeunes haïtiens, on ne parle pas la même langue. On est moins déçu et surtout, ce n’est pas ce que je leur demande de me faire la conversation ».
    
    La campagne haïtienne s’étale maintenant sous leur yeux :
    
    « De pire en pire, en pleine cambrousse maintenant ! Non mais quel trou ! Pire que l’Arkansas ! Et pourtant, l’Arkansas … »
    
    Ils arrivent dans un village. Enfin, un village … Un conglomérat de cahutes plutôt, se met à penser Abigail.
    
    Un peu à l’écart du village, se trouve une cabane de rondins avec un toit de palme. C’est là que le minibus s’arrête :
    
    « De mieux en mieux » se dit Abigail en descendant du véhicule, le nez pincé.
    
    « Et cette odeur … On se croirait vraiment chez les ploucs … au pire endroit de l’Arkansas ! Dans le trou du cul du monde, vu l’odeur … ».
    
    Une ...
    ... vieille haïtienne légèrement bossue, vêtue d’une robe rapiécée à plusieurs endroits, sort de la cabane :
    
    - Entrez dans mon humble demeure, dit-elle en désignant la porte.
    
    « Ça sent l’arnaque ce truc » se dit Abigail.
    
    Ils soulèvent un rideau à la propreté douteuse pour pénétrer dans la cabane. A l’intérieur, c’est sombre et il n’y a quasiment pas de meubles. Au milieu de la pièce, à même le sol, on trouve juste quelques pierres posées en cercles et entourant un tas de cendres :
    
    - Asseyez-vous, dit la vieille
    
    Abigail cherche du regard une chaise :
    
    - Non, par terre, devant le foyer.
    
    Les trois américains se sont assis en tailleur sur le sol en rang d’oignons. La vieille fait de même en face d’eux. Elle entasse des brindilles, de la paille et allume le feu.
    
    Les yeux d’Abigail s'habituent à la semi-obscurité. Elle distingue maintenant, à côté de la vieille, une cage posée avec à l’intérieur un poulet :
    
    « Et vas-y, tout le folklore est en place, c’est pas possible, quelle escroquerie. Elle ne va pas tarder à nous demander un petit billet, j’en suis sûre. Et dire que je devrais être en train de me faire prendre par un jeune gars viril, voire par deux jeunes gars virils»
    
    - Nous allons attendre que le feu prenne et que la nuit tombe, dit la vieille, les esprits ne viennent pas quand il fait jour.
    
    « Mais bien sûr … Et la marmotte, bla-bla-bla … »
    
    - Je vais invoquer les « Guédé », les esprits de la mort. Le Baron Samedi et Maman Brigitte, sa femme, mais ...
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