1. La rencontre


    Datte: 12/12/2022, Catégories: fh, inconnu, vacances, sport, bain, hotel, voyage, Voyeur / Exhib / Nudisme rencontre, Auteur: Fitiavana, Source: Revebebe

    ... fait sur le chemin sont rarement banales, conclut-elle en retrouvant son air rieur.
    
    Comme je suis presque sec, nous nous habillons et nous nous préparons au départ.
    
    Émilie est partie de Suisse, d’un patelin aux confins des cantons de Vaud et de Fribourg. Elle marche depuis un peu plus d’une semaine, entrecoupée d’une journée de pause à Genève, où elle a de la famille. Elle m’apprend que sa boîte n’a pas survécu à la crise, mais qu’elle a rapidement signé chez la concurrence, où elle commencera dans quelques semaines. Avec un mois de vacances forcées, mais sans revenu et avec peu de réserves, pas question de partir faire le tour du monde. Elle a donc choisi de partir pour la troisième fois sur le chemin.
    
    — Trois fois, une par décennie ! précise-t-elle. Et moi aussi, je fais durer le plaisir en étalant le chemin sur plusieurs années.
    
    Comme moi, elle est au milieu de la quarantaine, qu’elle porte heureusement bien mieux que moi. J’ai moins de gêne à l’observer du coin de l’œil, maintenant qu’elle est habillée. Son allure sportive, ses jambes musclées montrent avec éloquence que l’exercice ne se résume pas chez elle à quelques jours de marche par été. D’ailleurs, son équipement, de qualité, mais usé par les années, en dit long – rien à voir avec mon matériel flambant neuf, acheté à petit prix en grande surface il y a dix jours.
    
    En marchant, elle me parle de ses expériences passées, des rencontres sur le chemin, de la magie des derniers kilomètres, ...
    ... inoubliables, et qui sont pour elle la raison de repartir quelques années plus tard (« tu verras par toi-même et tu comprendras », me dit-elle). Elle m’explique la difficulté des sentiers de montagne à venir, les autoroutes à pèlerins du nord de l’Espagne (« mais nous n’en sommes pas encore là »), la canicule et la soif – cette douce chaleur qui nous accompagne aujourd’hui n’est qu’un agréable avant-goût, d’après elle. Elle me raconte les endroits les plus improbables où elle a passé la nuit, des granges offertes par les agriculteurs au business lucratif des hébergements collectifs, en passant par les couvents et les monastères, les nuits sous tente et l’enfer des hôtels bas de gamme.
    
    — Ce que je préfère, c’est encore à la belle étoile ! Évidemment, ce n’est pas toujours faisable. Nous allons arriver à E…, ici par exemple c’est impossible de trouver un endroit qui s’y prête. Les paysans sont plutôt hostiles aux randonneurs, aux pèlerins et à tout ce qui pourrait troubler la quiétude de leur bétail et de leurs cultures, et la mairie les soutient, ce qui ne déplaît évidemment pas aux deux hôteliers du village. En tout cas, c’était comme ça il y a vingt ans, c’était pareil il y a dix ans, je ne veux pas prendre le risque de découvrir si la mentalité a changé.
    — Tu as des souvenirs précis. Tu fais exactement le même trajet chaque… décennie ?
    — Pas tout à fait, mais entre L… et ici, il n’y a pas vraiment d’alternative, à moins de faire un long détour ou de marcher le long de la route ...
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