1. Je ne suis pas celui que vous croyez


    Datte: 27/09/2022, Catégories: fh, revede, Humour Auteur: Amarcord, Source: Revebebe

    ... bien, je vous rassure. On appelle ça le sens de l’humour, l’autodérision. Je peux vous poser une question ? Pourquoi moi ?
    — Comment ça ?
    — Oui, pourquoi avez-vous tenu à centrer votre petit reportage sur mon humble personne ? Je ne suis qu’un anonyme parmi les autres, sur ce site. Il y a de vrais monuments, des virtuoses, comme Radagast, des gens mille fois plus prolifiques, comme Patrik.
    — Euh… Ah, bon, vous me l’apprenez. Je n’ai consulté le site qu’assez superficiellement. D’abord parce que vous, votre identité était commode à percer. Et puis il faut bien dire que pour l’instant, c’est plutôt vous qui faites le buzz. Vous êtes un membre… euh… modeste, sans doute, mais aussi très visible.
    — Mais pas du tout, c’est quoi cette histoire ? Mon audience est franchement confidentielle.
    — Ne vous en faites pas pour la confidentialité. D’ailleurs, si vous voulez, je cacherai votre nom. Je mettrai des initiales. Ou je vous appellerai François Pignon. Et pour la photo, on peut vous prendre de dos.
    — N’exagérons rien, je ne suis tout de même pas un criminel, ce que je poste est plutôt innocent. Et puis de toute façon, si je mets le masque, on ne risque pas de me reconnaître. Mais dites-moi, ça vous a choquée à ce point-là, ce que vous avez lu sur le site ?
    — Non, non, pas du tout. Parfois même amusée.
    — Juste amusée ? Rien de plus ? Ça ne vous a pas un tout petit peu émoustillée ?
    — Très honnêtement, non, Marc. Ça ne m’a pas… particulièrement convaincue.
    — Ne vous excusez ...
    ... pas. Il en faut pour tous les goûts. J’admets volontiers la critique.
    — Je l’ai remarqué. Merci pour l’interview, en tout cas. Vous êtes vraiment trop aimable. Je dirais même que vous gagnez à être connu.
    — Pour vous être agréable. Vous êtes vous-même charmante. Oserais-je vous inviter à boire un autre verre un de ces jours, sans prétexte particulier ?
    — C’est que… Je ne pousse pas la curiosité journalistique à ce point-là. Vous m’êtes très sympathique, bien davantage que ne me le laissait penser la visite du site. Mais je ne fais pas vraiment du journalisme d’investigation, je ne souhaite pas vous découvrir à ce point-là.
    
    Ça s’appelle un râteau monumental. Rester souriant. Enchaîner.
    
    — Ça paraît quand ?
    — La semaine prochaine, le magazine arrive jeudi en kiosque. Je vous ferai relire avant parution, c’est promis.
    — C’est dans la rubrique littéraire ?
    — Non, pas vraiment. Vous savez,Girlz est plutôt un magazine féminin un peu léger, superficiel. La mode, les conseils beauté, l’actu des pipoles. Je gère la rubrique faits de société. Le courrier des lectrices. La rubrique sexologie, aussi.
    — Alors, à défaut de vous revoir, je pourrais peut-être vous écrire, pour réclamer vos conseils. Ce coaching-là me serait certainement utile.
    — Qui sait ?
    
    ~~oOo~~
    
    Au cours des derniers jours, je me suis imposé une cure de réalité. Abstinence digitale : silence sur Twitter, absence sur Instagram. Facebook, je n’y suis pas, depuis toujours, et délibérément. J’ai délaissé le ...