La seconde chance - Histoires de Sexe

La seconde chance

... J’en élude les trois quarts et me concentre sur mes voyages de jeunesse, en moto et 4×4. Jamais l’ambiance dans mon van n’a été aussi chaleureuse. Je suis littéralement hypnotisé par ses yeux, pétillants et débordants de vie, mais tout aussi charmé par cette bouche d’où s’envole un flot ininterrompu de mots. Elle est tout ce que je ne suis pas, tout ce que je n’ai jamais été.

— J’ai faim, annonce-t-elle tout d’un coup.
— Bien, je m’occupe du repas.

Je me lève et vais vers le frigo. À ce moment-là, quelqu’un frappe à l’extérieur.

— Ne bouge pas, j’y vais, me dit-elle.

Toujours vêtue de sa tenue on ne peut moins conventionnelle et, pour tout dire, un poil provocante, elle ouvre la porte coulissante et aperçoit une femme, la soixantaine bien frappée, tenant un petit chien au bout d’une laisse.

— Bonjour Mademoiselle, commence-t-elle avant de marquer un temps d’arrêt, certainement surprise par la dégaine de la jeune fille.

J’imagine le spectacle. Le camion étant surélevé, elle se retrouve le nez pratiquement en face du haut des cuisses nues de Jo que la chemise et le pull, trop ample, peinent grandement à cacher. Dans le feu de l’action, il est même probable que notre visiteuse puisse entrapercevoir sa petite chatte glabre.

— Bonsoir, répond Jo.

Et la dame de reprendre :

— Vous pensez rester là pour la nuit ? Parce que c’est interdit, vous savez ? Ici, c’est une petite ville tranquille, on ne veut pas d’ennuis avec les gens…
— Quoi, les gens, ...

... s’énerve Jo. Les gens comme moi ? Putain, mais t’es qui, toi, la vielle peau, hein ? C’est quoi le mot que tu cherches ? Pute, gitane ? Alors oui, je suis gitane et je t’emmerde, et de deux, chez les gitans, les clébards on les bouffe. Bon, le tien, il n’y a pas grand-chose à grailler, il ressemble plus à un rat qu’à autre chose, mais ça fera ni une ni deux. Alors, dégage avant que je m’énerve !

Oh putain ! Là, elle n’y est pas allée avec le dos de la cuillère ! Elle a balancé sévère et je ne suis pas sûr que la bourgeoise en reste là.

Elle referme violemment la porte et se retourne vers moi.

— Quelle vieille conne ! ajoute-t-elle. Rien ne changera jamais. Mais je me suis bien démerdée, hein ? Le coup de la gitane bouffeuse de chien, j’ai adoré ! OK, je n’ai pas trop de mérite, il paraît que je ressemble à une gitane, on m’a souvent insulté de la sorte, alors, j’ai l’habitude.

Personnellement, j’opterais plutôt pour des origines andalouses, mais je ne suis pas généticien.

— Que vous ayez adoré, je n’en doute pas une seconde, mais elle, certainement beaucoup moins. Allez, on range et on migre.
— Quoi ? rétorque-t-elle.
— Dans moins de dix minutes, les flics vont débarquer.
— Et alors, t’as vu un panneau d’interdiction, toi ?
— Non, mais ils vont nous chercher des noises. Et dans le pire des cas, ils peuvent immobiliser le véhicule, voire le mettre à la fourrière. C’est fou ce qu’ils sont imaginatifs quand il s’agit de pourrir la vie des voyageurs.
— Et toi, tu ne ...