La seconde chance - Histoires de Sexe

La seconde chance

... suis sidéré, mais, d’un coup, nombre de ses réactions s’expliquent. Toujours aussi mal à l’aise, ne sachant que faire, je ne trouve rien d’autre à dire.

— Tu as fait quoi comme études ?
— Lettres classiques. Attention, j’ai pas glandé : j’ai ma maîtrise, dit-elle fièrement.
— Tu pourrais être écrivaine et faire un roman de ta vie, tu aurais du succès.
— Tu te fous de moi, hein, c’est ça ? Non, je suis nulle pour écrire. J’ai essayé pour des paroles de chansons, mais c’était une horreur. Bon, mais ce n’est pas tout, tu m’avais promis un barbecue, non ? Il est où ?
— Oui, tu as raison, la nuit va bientôt tomber. Je m’en occupe, joues, si tu en as envie.

Et c’est au son de sa voix, si émouvante, que je me suis occupé du repas. Éplucher les pommes de terre, les couper, les faire mariner dans un mélange d’huile et d’herbes de Provence, et disposer le tout sur une plaque avant d’enfourner. Maintenant au tour du barbecue.

— Arie, tu allumes le feu avec quoi ?
— Un briquet, tu crois quoi ? Que je suis un Cro-Magnon avec son silex et sa marcassite ? Je suis vieux, mais quand même !
— Mais non, dit-elle en pouffant de rire, je voulais dire : avec du papier ou du petit bois ?
— Ah, non, pas du tout. Je mets directement du pétrole à lampe sur le charbon de bois. C’est suffisant.
— J’ai un truc à brûler, on pourrait le mettre ? demande-t-elle.
— Oui, bien sûr, c’est quoi ?
— Tu vas voir. Mais il va falloir aussi trinquer, alors remplis les verres.

Elle retourne au ...

... camion et en ressort avec sa petite robe noire.

— Finalement, je suis bien contente d’avoir laissé mon sac de fringues là-bas, dit-elle en posant sa robe dans la cuve du barbecue.

Elle saisit ensuite son téléphone, en enlève la carte SIM qui va rejoindre le morceau de tissu.

— Tu es prêt ? s’enquiert-elle.
— Attends.

J’asperge abondamment le tout de pétrole.

— À vous l’honneur, Madame, dis-je en lui tendant le briquet.
— Je ne risque rien ?
— Non, vas-y.
— Alors, avant, levons nos verres et trinquons, dit-elle.
— Aujourd’hui est le premier jour de ma nouvelle vie. J’incinère ici mon passé de… (elle cherche ses mots) de pute. Oui, c’est que je j’ai été. Mais c’était autrefois, maintenant c’est fini, définitivement.

Sur ce, elle allume le feu. Rapidement, de grandes flammes illuminent le soir naissant.

— À ta nouvelle vie, Aria. Je suis sûr que de belles choses t’attendent. Je suis fier de toi, sincèrement. Tu as beaucoup de mérite.
— À ma nouvelle vie. Ce soir, j’ai envie de te croire, Arie. Demain, on verra bien.

Une fois le feu de joie fini, je prépare le barbecue. Lorsque les pommes de terre sont en passe d’être à point, je pose la viande sur la braise rougeoyante : une côte de bœuf Angus, maturée comme il se doit. Ce soir, nous nous octroierons un festin afin de célébrer dignement cet évènement qui, je n’en doute pas, sera à marquer d’une croix rouge dans les annales.

De la bonne chère arrosée d’un bon vin, des éclats de rire emmenés par ...