1. Cabine 13


    Datte: 10/06/2022, Catégories: Hétéro Auteur: Gerald93, Source: Xstory

    Dire que je suis une habituée de la piscine est un euphémisme. Je m’y suis entraînée 3 fois par semaine durant des années, lorsque j’étais ado. Dans la vitrine du club, trônent encore les coupes de nos victoires collectives. Et je constate, à regret, que peu de trophées s’y sont ajoutés depuis.
    
    Didier était un entraîneur formidable. Il exigeait le meilleur de chacune d’entre nous. Il savait trouver les mots pour nous motiver, nous transcender. Pour certaines, il avait aussi pris le rôle d’un père, dans ces moments où la famille se décompose, ou bien les études dérapent ou encore les hormones se réveillent. A combien de filles avait-il évité de partir en cacahuète ? Lors des dîners que nous organisions chaque trimestre, il aimait répéter que M. le Maire devrait le payer triple. Une fois comme maître-nageur et entraîneur de l’équipe féminine, une autre fois comme assistante sociale et psychologue et enfin, en heures supp. comme critique gastronomique puisque nous testions, au fur et à mesure, tous les restaurants de la ville.
    
    De ces années de natation, j’ai gardé des épaules solides, et d’après mon mec « une cambrure à tomber ». Mais j’ai surtout envie de conserver ma jeunesse, même si c’est un combat perdu d’avance. Alors chaque vendredi soir, je m’oblige à venir faire des longueurs. Le pap’, j’ai laissé tomber, mais en dos, en brasse, et surtout en crawl, je vous mets au défi de me suivre, si je force. C’est simple, je reste 40 minutes dans l’eau, et je fais mes 60 ...
    ... longueurs tranquilles. Sachant que le bassin fait 33 m, faites le calcul. Eh oui 2 kilomètres !
    
    J’espère que je pourrai reprendre à ce rythme après... Car Philou et moi c’est du sérieux et on veut un bébé. Mon père souhaite le mariage d’abord, mais j’approche les 27 ans et puisque mon Philou souhaite un enfant de moi, ce sera le bébé d’abord et tant pis si on fait ça dans le désordre (ou même, pas du tout).
    
    Je passe devant la caisse avec un grand sourire pour France. C’est gratos pour moi, mon seul privilège d’ancienne « championne ». Elle aussi, elle est derrière sa vitrine depuis longtemps. Depuis bien plus longtemps que nos trophées. Les mecs du club de plongées s’amusent à dire qu’au contraire des coupes de la vitrine, on se demande si un jour quelqu’un l’a prise par les poignées, embrassée, et portée en triomphe. C’est méchant, mais drôle.
    
    La bise à Jamel. C’est lui qui surveille ce soir. Super, il a tiré deux lignes, j’ai donc mon couloir.
    
    Je monte aux cabines. C’est une piscine sans vestiaire. Comme la Piscine Molitor de Paris maintenant rénovée, elle date des années 30. Le bassin au centre et deux étages de cabines autour, en balcon, le tout sous une grande verrière.
    
    Je me change, et je claque la porte en retenant le numéro.
    
    — Oh Cathy, ça boom ?
    
    Didier n’entraîne plus, il est directeur maintenant, et il est rare de le trouver ici. Même sans mes talons, je suis plus grande que lui. Dans ses cheveux toujours très courts, je remarque des racines ...
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