À Paris - Histoires de Sexe

À Paris

... putain, c’que c’est beau, dis chéri…

Il nous faut Internet pour retrouver toutes les paroles de Brassens et entonner« La non-demande en mariage ».

Bien bourrés, sans plus de transports en commun dans un Paris peuplé de viande saoule, l’aventure est trop périlleuse, Sophie et Arnaud restent dormir sur le convertible de mon bureau. Vers dix heures du matin, je croise Arnaud sur la route des chiottes.

— Putain, tu commences tôt, toi, ça sent déjà vachement bon.
— Oh, pour une fois ce ne sera que du surgelé, mais des croissants frais, c’est toujours agréable.
— Ah oui, oh ça je crois que je saurais faire. Super ! C’est beau en plus, ça gonfle…
— Tiens, on va leur préparer deux plateaux, deux cafés, deux jus d’orange, deux croissants, on va couper deux roses du bouquet que vous avez apporté. On va les gâter !

À chaque bout du couloir, les mêmes exclamations retentissent :

— Oh, c’est trop mignon ! Merci chéri…

Après, on n’entend plus rien, car les portes se referment jusque vers quinze heures. Ils ne veulent pas déjeuner, reprennent juste un jus d’orange avant d’aller souhaiter quelques vœux dans la famille d’Arnaud. J’en fais de même en appelant ma famille tandis que Gwen appelle sa sœur sur Skype. Je ne vois aucune raison de lui parler et fais signe que je ne suis pas là.

— Bouh là là, fait-elle quand elle a terminé. Ce que je suis mal à l’aise à chaque fois !
— Pourquoi ?
— Non, mais pourquoi ? Géraldine, tu sais, je vis le parfait amour avec ton ...

... fils même qu’hier soir on a décidé de se fiancer. Pas de quoi être mal à l’aise à part ça !
— Oui c’est vrai, excuse-moi. Mais si tu ne l’appelles pas, elle ne t’appellera pas.
— Je sais… Mais c’est ma demi-sœur, et… si je ne l’avais pas eue quand nos parents sont morts, je ne serais sûrement pas là aujourd’hui…
— Bon, moi j’ai eu père qui ne demande qu’une chose : comment a-t-on trouvé ses gants… Tu vois, on n’est pas mieux lotis l’un que l’autre. Tu ne trouves pas que je fais vraiment fils de riche maintenant avec ma Rolex et ma gourmette en or, le Mont-Blanc dans la poche ? Tu me gâtes trop, chérie d’amour…
— Et toi ? Tout fou sans le rond qui claque ses économies dans cette bague ? Tu vois Jérôme, faire un cadeau cher quand on a du pognon, je ne dis pas que ça n’a pas de valeur, mais… se vider les poches pour faire un cadeau cher, ça, « de battre mon cœur s’est arrêté ! » C’est vraiment de l’amour ou je n’ai rien compris.
— Tu as tout compris, mon amour.

Comment ne pas retourner au lit avec cette petite femme aux yeux remplis de larmes d’émotion. Eh bien, vous savez quoi ? On n’a pas fait l’amour. On a fait la tendresse, des caresses, des gestes lents, des baisers partout, des muqueuses qui se contractent, des spasmes sans mouvements et des flots d’amour qui coulent partout.

Mon second stage, je le fais à Pâques, avec Arnaud comme maître de stage. Il m’a volontiers accueilli dans son réseau franchisé. Encore une arnaque sympathique ! Ça tient un peu de la vente ...