À Paris - Histoires de Sexe

À Paris

... besoin. Et je ne dispose même pas d’une calculatrice pour faire mes additions ! Heureusement, il y a celle de mon mobile… Et puis non, je m’arme de culot. Toc, toc, toc à la porte directoriale.

— Qu’est-ce que c’est ? Ah, c’est toi, Jérôme. Que se passe-t-il ? Quelque chose ne va pas ?
— Si, si, tout va bien, père. Simplement, j’irais beaucoup plus vite avec mon ordinateur. Si tu voulais bien, je voudrais aller le chercher à la maison.
— Ces jeunes, perdus sans leurs foutus écrans. Mais tu vas perdre déjà deux heures à galoper jusqu’à la maison. En deux heures, on en fait des choses.
— Oui, sauf si… tu me prêtes ta voiture…
— Allez, ça commence !… Bon, écoute, tu vas déjeuner avec Béatrice. Ça lui fera du bien, je crois, elle va mieux quand tu es là. Tiens, voilà les clés. Mais tu es là à quatorze heures sans faute.

Tu parles que ça lui fait du bien, si tu savais combien ! Avec prudence, il ne s’agit pas d’esquinter l’auto de papa, je file à la maison, au grand bonheur de Béa qui bien sûr veut en profiter. Je n’ai guère le temps, mais elle insiste :

— Tu lui diras que c’est de ma faute, le déjeuner n’était pas prêt.

Facile, mais inconfortable, du coup je ne mange pas et repars avec portable, tablette et clé USB pour arriver pile à quatorze heures. C’était du vite fait mal fait, navré Béa. Le reste va tout seul. Une demi-heure de préparation d’un tableau Excel, trois heures de saisie des données. Les calculs se font automatiquement, il ne s’agit plus que de ...

... mettre en page. À dix-huit heures, tous les rats quittent le navire. Je me déplace au secrétariat et je connecte mon portable à l’imprimante/copieur. Le tableau sort impeccable en format A3, super ! Restent les courbes. Courbes en lignes, mais en noir et blanc, le rendu n’est pas terrible. Je fais donc un essai avec des barres 3D, c’est un peu mieux, mais pas très convaincant, il y a trop de paramètres pour le noir et blanc, il faudrait de la couleur. Tant pis, je cumule les représentations en toiles d’araignée, bulles et courbe 3D, l’une explicitant l’autre. Je me tape des légendes et commentaires précis, appuyant chaque représentation et explicitant les résultats. Il est près de vingt heures lorsque j’ai terminé. Je classe les feuilles, je tire un exemplaire en A4, plus facile à transporter, inutile de chercher un matériel à relier, mais la grosse agrafeuse est à portée. Je frappe à la porte directoriale, la gorge un peu serrée. Je présente mon dossier au grand patron.

— Quoi ? Déjà ? Mais… c’est une semaine de travail habituellement. Tu as dû oublier des choses…
— Si j’avais bien tous les dossiers à disposition, je ne crois pas…
— C’est… purement incroyable…
— L’informatique, ça sert aussi à ça. Gagner du temps, donc de l’argent(son œil s’allume). J’ai ajouté à vos données celles que j’ai récupérées sur Internet de la tendance générale des marchés et celles de vos principaux concurrents.
— Internet ? Mais il n’y a pas d’Internet ici. Je refuse qu’elles passent leur ...