À Paris - Histoires de Sexe

À Paris

... tronche, mais son bon cœur reprend vite le dessus. Elle est contente que je puisse passer ce permis à temps et n’a aucun doute sur ma réussite. Elle me fait un chèque du montant que je viens de débourser.

La voiture bariolée se gare devant la maison à l’heure dite, je sors immédiatement. Tiens, la grande Mathilde est seule et s’est changée, troquant son pantalon et blouson de jean contre une petite robe d’été. Je lui fais remarquer, elle sourit à demi.

— Il fait tellement chaud… Et puis ce soir, je sors et comme je ne sais pas à quelle heure on va finir…
— Je ne veux pas vous priver de votre sortie, on peut reporter à un autre jour.
— Pas de souci, ça ne commence pas avant vingt heures. Au « T’as la dalle », tu connais ?
— Haha, c’est drôle. Je connais depuis midi, c’est des copains. D’ailleurs ce sont eux qui m’ont envoyé à cette école.
— Ben m’étonne, je leur ai tous appris à conduire, enfin trois sur quatre. Mais ils sont plus jeunes que toi ?
— Non, plus vieux. Ils avaient déjà redoublé une ou deux fois.
— Tiens, c’est curieux, je te donnais au moins vingt-trois/vingt-quatre…
— Eh non, juste dix-neuf depuis peu.
— Ah bon sang ! Qu’est-ce que tu fais mûr et costaud. Enfin, majeur, quand même…

Elle nous pilote jusqu’à la sortie de la ville et s’arrête devant un grand portail rouillé qu’elle va ouvrir. En revenant vers l’auto, ses longues jambes puissantes et blanches écartent les pans déboutonnés de la petite robe. Quel bestiau ! On dirait une Viking en ...

... période de moissons. Elle avance le véhicule jusqu’à une longue piste de béton.

— Mais… c’est l’ancienne base aérienne ?
— Exact. C’est là que mon oncle a fini sa carrière, « le colonel ».
— Ah, c’est ton oncle ? Une affaire de famille en somme.
— Ouais. Putain de famille ! Entre un militaire et un paysan taiseux, les repas étaient folklos ! Allez, à toi de prendre le volant. Aucun risque de toucher quoi que ce soit, tu as deux bornes de béton pour faire toutes les conneries possibles.

Je m’installe au volant, elle me rappelle tous les points à vérifier : position du siège, rétroviseurs, point mort, rôle des pédales, frein à main, contact. Le moteur tourne.

— Teste l’accélérateur… tu vois, il faut le caresser, bien doser ton pied. Embrayage maintenant, à fond. Passe la première, débloque le frein à main, tu accélères doucement et tu relâches tout doucement le pied gauche… Voilà… Calé, normal, on recommence.

La troisième tentative est la bonne, je roule ! Mais le moteur rugit, il faut passer la seconde. Chaotique ! Ça va mieux avec la troisième et j’ai l’impression d’aller vite, très vite. Le compteur indique quarante ! On fait des allers et retours, dix fois peut-être, jusqu’à ce que tout soit fluide. Je prends mon pied !

— Allez, fais-moi un départ 24 heures du Mans, le plus vite possible jusqu’aux bâtiments et puis tu ralentis en descendant la grille. Go !

J’ai l’impression de nous coller aux sièges comme dans un manège de grand huit. Ça vibre un peu, mais ...