Louise - 1944 (1)
Datte: 02/06/2022,
Catégories:
Hétéro
Auteur: Bugsy, Source: Xstory
... nocturnes ont fait leur effet et la défense ennemie a du mal à s’organiser.
Courir sur la plage, atteindre la côte, faire taire deux ou trois nids de mitrailleuses qui nous empêchent de progresser...
Et puis soudain, je me sens seul, séparé de ma section, je ne vois plus aucun de mes compagnons. Peut-être me suis-je avancé trop avant, trop vite. Je sais qu’il me faut gagner Sainte-Mère-Église, que c’est là que la section doit se reformer. Mais je ne peux m’orienter, ici tout se ressemble, des marais, des prés et des haies, les quelques chemins sont défoncés, les panneaux indicateurs arrachés, à terre, n’indiquent plus aucune direction. Je m’avance encore, je vais bien finir par trouver une indication, trouver une présence humaine. Amie, de préférence !
Sous un pommier en fleurs, une vache aux yeux cerclés de noir me regarde. C’est la seule à être restée debout, au milieu d’un troupeau qui paisiblement rumine. Je repense soudain à mes parents, à mon ranch dans le Wyoming, à nos grands troupeaux de bovins. Comme c’est loin tout cela maintenant !
Plus loin, des bâtiments, une étable au toit défoncé, un peu plus loin un autre toit, qui tient encore celui-là, et puis une cheminée qui fume... il doit y avoir quelqu’un. Je m’approche encore. Bientôt, un homme franchit le seuil de la porte. Il me voit, et aussitôt lève les bras en voyant mon fusil qui est pointé vers lui. Tout en le baissant, de l’autre main je lui désigne la partie de mon vêtement où s’étale la bannière ...
... étoilée, avec en dessous écrit US ARMY.
- Me... Américain... you, don’t be afraid... pas peur...
Il baisse les bras et s’approche de moi, main tendue. Et larmes aux yeux.
- Enfin... enfin... vous êtes là... c’est... c’est pas possible ! tout cela sera donc bientôt terminé.
Mélangeant les quelques mots que je connais de sa langue, avec des mots bien de chez moi, je lui demande mon chemin pour rejoindre mon point de ralliement, la ville de Sainte-Mer Église.
- Là-bas, là-bas...
Et il tend sa main vers le sud-est.
Mais je comprends aussi qu’il me dit de le suivre, de venir boire quelque chose. C’est vrai que j’ai la gorge sèche, et je sais qu’il ne reste plus grand-chose au fond de ma gourde. Alors je le suis. Boire un peu quelque chose de frais ne me fera c’est vrai pas de mal.
Derrière lui, j’entre dans la grande pièce au plafond bas. Dans la cheminée, sur un feu de bois une marmite laisse exhaler une bonne odeur de choux et de pomme de terre. Une femme est debout près d’un évier, lavant une casserole.
- Marie... c’est un Américain... ils sont là, ils ont débarqué, nous sommes sauvés ! Vite, va nous chercher une bouteille de cidre.
Des pas dans l’escalier, apparaît une jeune fille.
- Louise... c’est un Américain... la guerre va prendre fin... sors 4 verres, que nous trinquions à la liberté bientôt retrouvée !
La femme revient avec à la main une bouteille dégoulinante d’eau bien fraîche, Louise a posé quatre verres sur la table et l’homme les ...