Confinement - Histoires de Sexe

Confinement

... levée. On passe le petit col quasiment à quatre pattes, parce que de l’autre côté il n’y a qu’un épaulement de cinquante centimètres et un beau vide derrière. Avec Fred, on sécurise les quatre passages, un de chaque côté, en ne lâchant une main que quand l’autre est tenue. La descente est un peu impressionnante sur une centaine de mètres et puis après, ça va mieux, ça ressemble à de la montagne à vaches. Je leur demande de faire une pause et de m’attendre, je vais en éclaireur voir si l’ermite est toujours là et dans quelle humeur. Une telle invasion risque de ne pas lui faire plaisir. Quand j’arrive en vue de son antre, visiblement il n’est plus là. Une bonne partie du bois s’est écroulée et les herbes folles ont repoussé. Il n’y a pas âme qui vive. Eh oui, neuf ans sont passés. Soit il en a eu marre, soit ma visite lui a redonné le goût de la société, soit il a été retrouvé par les Corses. Les fics, on l’aurait su dans la presse. J’inspecte les décombres et sa grotte, ce ne serait pas le moment de tomber sur un squelette… Mais rien. Je retourne chercher les autres en leur expliquant la situation en chemin. D’un côté, c’est plutôt bien pour nous, le champ est libre et on ne dérangera personne, d’un autre, il y a tout à reconstruire.

— C’est bien, positive Yvette, comme ça on fera tout à notre goût et selon nos besoins.
— En tous cas, tu ne nous avais pas menti, ajoute Flo. C’est absolument magnifique. Avec mes jumelles j’ai déjà compté six cascades, j’ai vu une bestiole ...

... crapahuter dans les rochers…
— Un mouflon, sûrement.
— Et puis un grand oiseau noir, planer en tournant.
— Gypaète barbu, il n’y a pas d’aigle ici.
— C’est super ! Et ce lac bleu turquoise… un vrai paradis.
— Attention, les hivers sont rudes !
— Je sais, mais ça doit être beau aussi quand c’est tout blanc…

Notre petit groupe alerte une marmotte qui se met à siffler, pas habituée à tant d’humains. Nous arrivons à l’ancienne cabane.

— Bon, on va d’abord casser la graine, monter les tentes pour cette nuit et puis commencer à déblayer.

Je commençais à monter le fragile abri avec Fred quand Zoé se pointe.

— Désolée, Fred, mais cette nuit c’est moi qui dors avec Monsieur. T’as pas oublié ta promesse ?
— Non, non, mais il ne faut pas te sentir obligée.
— Mais, j’ai pris ça comme une récompense, c’est ce qui m’a fait repartir. Alors tu ne vas pas m’en priver. Mais je pense qu’il vaudrait mieux monter la tente un peu à l’écart, j’ai parfois l’émotion sonore…

Fred a fait tirer les trois autres à la courte paille après un débat inutile.

— Rassurez-vous, les filles. Demain on change !
— Ouaiiiiis !

Le ton est donné, on ne va pas que s’ennuyer. Et d’abord, il faut bosser. Quatre-vingts pour cent de l’ancienne structure est pourrie, on décide de tout enlever et d’en faire un tas pour le feu. Nous nettoyons également la grotte qui, sans l’auvent, me paraît plus petite que dans mes souvenirs. Elle fait à peine quatre mètres carrés, deux sur deux. Une fois bien ...