Ça se corse (bien qu'on se dirige vers Genève) - Histoires de Sexe

Ça se corse (bien qu'on se dirige vers Genève)

... Toujours seule ?
— Non, madame. Elle venait parfois avec un homme.
— Son chéri, glissa impudemment Électre.
— La soixantaine, grisonnant, mince, toujours habillé comme un milord, le restaurateur dixit.
— Il a une idée de quelle était leur relation ?
— Il a aussi supposé qu’ils étaient amants.
— Il suppose beaucoup !
— D’autres détails à propos de ce monsieur ?
— Il conduisait une BMW immatriculée en Suisse.
— Encore la Suisse !
— Une dernière chose, mon lieutenant. Vous domiciliez votre « cliente » dans un village de l’Ain, mais selon notre témoin, elle habitait une vieille ferme réhabilitée dans un hameau isolé à deux kilomètres du village. Nous y sommes passés. Il n’y avait personne, mais il y avait des signes évidents d’une occupation régulière. Je passerai à la mairie de Larouma demain. Ils devraient pouvoir me renseigner.
— D’autres choses ?
— Non. Mais si j’apprends quoi que ce soit, je vous tiens au courant.

Durant la conversation, Élodie s’était penchée vers Électre pour se rapprocher du téléphone. La rouée en avait profité pour coller la joue à la sienne. Concentrée sur les propos d’Aubert, Élodie n’y avait pris garde, mais son corps avait réagi. Aussi à la fin de l’échange, oubliant où elles se trouvaient, elle avait collé ses lèvres à celle de sa subordonnée pour un baiser impromptu auquel l’Antillaise avait répondu sans état d’âme. Par crainte d’être surprises, elles se séparèrent malgré la bouffée de désir qui les avait submergées.

— Ce soir, ...

... c’est chez moi, souffla Élodie.
— Bien lieutenant, MON lieutenant, répondit Électre, radieuse.
— Tu sais que tu ne peux m’appeler « mon » lieutenant ! C’est réservé aux mecs. Encore un truc sexiste.
— À vos ordres, mon lieutenant, pardon MA lieutenant.
— Mais pour l’instant, on se remet au boulot ! On a du pain sur la planche. Je vais appeler Don Juan de Salle de Bain. Il est urgent d’aller perquisitionner dans l’autre domicile de notre mystérieuse victime.

**********

— Arrête de chialer ! Ça la ramènera pas ta salope !
— Didine, je t’en prie, pleurnicha-t-elle.
— Tu t’envoyais bien en l’air derrière mon dos, pétasse !
— Tu n’étais jamais là et quand t’étais là, tu passais ton temps sur tes ordis.
— Ben voyons !

Amandine était d’une humeur massacrante après le passage de la fliquette. Elle avait fermé sa gueule, joué à la femme coincée, collet monté pour protéger Gaëlle et celle-ci rentrait en chialant sur cette grognasse qui avait foutu leur couple en l’air. Les griefs de sa moitié étaient en partie justifiés : leur couple végétait dans une morne routine. Gaëlle, en gentille petite femme, avait besoin d’attention, de beaucoup d’attention. Elle l’avait oublié.

Aussi, quand trois semaines auparavant, elle les avait surprises, elle était tombée des nues.

Mais elle lui en voulait pour cette trahison… encore aujourd’hui. Une longue explication pleine de pleurs, de « pardon, pardon, ça ne se reproduira plus » s’en était suivie. Elles se rabibochèrent sur ...