1. Le jour du jugement dernier (1)


    Datte: 16/05/2022, Catégories: Divers, Auteur: Anthynéa, Source: Xstory

    ... patte son mon front. Et dans l’obscurité sa voix troue la nuit.
    
    — Merde alors ! Tu es bouillante. Tu as de la fièvre ?
    
    — Je crois que j’ai surtout très froid d’un coup. Je ne me sens pas vraiment en forme.
    
    — Mais... pourquoi m’as-tu laissé faire si tu n’allais pas bien ?
    
    — Tout bêtement parce que moi aussi j’en avais vraiment envie et puis... je ne suis pas à l’article de la mort non plus, mon chéri.
    
    — Ne bouge pas, je reviens.
    
    — Et où vas-tu ? Dis-moi, pourquoi te relèves-tu ?
    
    — Je veux m’assurer que ta fièvre n’est pas trop conséquente...
    
    —... comment ça ?
    
    — Ben nous avons bien un thermomètre non ?
    
    —... ? Tu ne serais pas en train de vouloir en profiter un peu plus encore ?
    
    — Quoi ? Qu’est-ce que tu marmonnes ? Redis-moi ça !
    
    — Non rien... fait comme tu veux.
    
    Je suis dans mon monde, entre rêve et réalité. Rien ne m’atteint plus sauf ce bruit que font mes dents qui s’entrechoquent. Mon mari est revenu et il se charge de la basse besogne. Je sens bien qu’il insiste un peu et que l’objet pour contrôler ma température devient aussi une forme de jeu pour lui. Il en plonge le bout au cœur de mon rectum et la sensation de gêne occasionnée par l’intrusion de l’engin froid me fait sursauter.
    
    — Eh doucement ! Ce n’est pas très agréable !
    
    — Ah ? Tu préfères que je sonde avec autre chose ?
    
    — Idiot ! C’est la fièvre que tu contrôles ou tu essaies de rejouer une autre partition ? Mais pas question pour moi ! J’ai ma dose pour ce soir.
    
    — ...
    ... Attention, j’allume la lampe et je retire le truc.
    
    — Ouais... ce n’est pas plus sympa à la sortie qu’à l’entrée ton machin...
    
    — Tu es certaine qu’il marche bien ce thermomètre ?
    
    — Il ne sert pas souvent, mais je crois qu’il n’est pas abimé... pourquoi ?
    
    — Ben... ça frôle les quarante et demi... c’est beaucoup non ?
    
    — Peut-être ! Mais j’ai déjà pris un médoc pour les maux de tête. Je ne peux décemment pas en avaler plus.
    
    — Tu veux que je te refroidisse le visage avec un linge humide ?
    
    — Il vaut mieux que nous dormions et si d’aventure demain ça ne passe pas, j’appellerai notre bon docteur !
    
    — Comme tu veux. Mais n’hésite pas à me réveiller si ça ne va pas...
    
    — Mais oui mon cœur... essaie de ton côté de ne pas ronfler comme un tonneau... je finirai bien par plonger dans le sommeil, si tu n’es pas trop bruyant.
    
    — Pff !
    
    Michel s’est tourné comme à son habitude de son côté et je reste sur le dos. J’ai froid et la couverture remontée jusqu’au menton, je me pelotonne dans les draps. Vaseuse, c’est bien le bon mot qui me vient à l’esprit alors que je cherche à m’endormir. Nuit apocalyptique dans laquelle je cauchemarde sans raison. À ma remise sur pied, au petit matin, la glace me renvoie l’image effrayante d’une vieille momie. Le café qui passe n’a pas son parfum ni son arôme ordinaire. Rien n’a donc de goût depuis hier ?
    
    Non seulement, il me semble insipide ce petit-déjeuner, mais il me lève le cœur et la remontée de ce que j’absorbe fait tiquer ...
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