1. Une belle et un râteau


    Datte: 24/04/2022, Catégories: fh, Collègues / Travail amour, caresses, mélo, rencontre, Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe

    ... j’ai soufflé sur le miroir. Des traces sont apparues, pas très distinctes, mais suffisamment pour reconnaître les dix chiffres d’un téléphone portable, les deux premiers étant clairement 0 et 6. Le reste n’était pas identifiable. J’allais sortir, juste intrigué, lorsqu’une idée saugrenue me traversa l’esprit. Je regardai donc attentivement la serviette souillée de rouge, exactement la même couleur que les lèvres de ma Bérénice ce soir. Mon petit cœur fit un bond, trop de coïncidences deviennent un fait. En même temps, ma chérie n’utilisait pas un produit fabriqué exclusivement pour elle, et des centaines de femmes devaient avoir le même rouge. Ce n’était pas une preuve, du moins pas suffisante pour lui faire une scène. D’ailleurs elle m’attendait déjà sur le perron du restaurant, tranquille, le regard franc. Nous avons juste eu le temps de quelques baisers avant que chacun regagne son logis pour être opérationnels aux aurores.
    
    Donc, ne cherche plus, camarade. C’est le baroudeur aux yeux d’acier qui a soulevé ta chérie au premier regard. Parié. J’ai rongé mon frein tout le dimanche, je voulais en avoir le cœur net. Mais comment faire, comment savoir ? Un sentiment nouveau et désagréable me rongeait de l’intérieur : la jalousie. Un truc qui te bouffe et te fait faire n’importe quoi. J’ai passé presque l’après-midi planqué dans ma voiture au pied de l’immeuble de Bérénice, sans résultat. En désespoir de cause, je suis allé faire un tour près du restaurant où nous avions dîné ...
    ... la semaine précédente et où ils s’étaient potentiellement rencontrés. Bingo ! Ils étaient là, près de la vitrine, il lui tenait la main, elle se perdait dans ses yeux gris, comme dans les yeux du serpent du « Livre de la jungle ». La rage au ventre, j’avais ma réponse, ma certitude. J’ai pensé à arracher un gros pavé des plates-bandes voisines et le balancer dans cette putain de vitrine, qu’elle leur tombe sur la gueule. Mais non, ce brave restaurateur n’y était pour rien. Et puis, ça aurait servi à quoi ?
    
    Oui, j’avais envie de les tuer… Lui parce qu’il me piquait mon amour, ma femme, mon rêve d’avenir. Elle parce qu’elle m’avait trahi en un instant, lui filant son numéro de portable à la sauvette, dans les chiottes, preuve de fidélité s’il en est au bout d’un an de vie presque commune. Peut-être était-ce mieux que ce se soit passé à ce moment, avant d’être mariés, d’avoir des enfants. Parce que je supposais que, si elle avait été capable de faire ça ce jour-là, elle aurait également pu le faire dans un an ou dix. Mais qu’est-ce qu’elle a dans le cul ? Bordel ! C’était si minable, si bas, que ça valait tous les jurons de la terre. Je les ai vus partir dans une petite bagnole de sport, laissant de la gomme sur le goudron. Je suis rentré, lâchement, et j’ai pleuré de nouveau, sur elle, sur moi. J’ai recommencé à picoler en prenant soin de mettre mon réveil à 5 h 30. Je me suis endormi une fois bourré.
    
    La levée du corps fut laborieuse et, malgré la douche, j’avais une tête ...
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