1. Une belle et un râteau


    Datte: 24/04/2022, Catégories: fh, Collègues / Travail amour, caresses, mélo, rencontre, Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe

    ... emplois, il y en a un tout à fait justifié, avec des maladies réelles, je veux dire bactériennes, virales, des opérations, etc.
    — OK, et les deux autres ?
    — Je n’oserais pas dire pour « convenance personnelle », mais pour confort personnel. Genre : coup de fatigue, coup de chaleur, mal au dos, mal aux bras, enfant malade, etc. Alors je ne dis pas que ce soit totalement injustifié. Même si c’est dans la tête, si on ne peut pas se lever pour aller travailler et gagner sa croûte, c’est qu’il y a un problème. D’accord ?
    — Oui, c’est ce que je pense.
    — Et les problèmes sont nombreux, très nombreux. Mais tous ont des solutions.
    — Par exemple ?
    — Par exemple le bruit dans les ateliers, c’est insoutenable et le port du casque sur les oreilles l’est également. Résultat, beaucoup ne le mettent pas et seront sourds un jour. Sans compter que si on se fait pincer par l’inspection du travail, ça risque de nous coûter cher.
    — Alors ?
    — Alors il faut placer un voile antibruit au plafond, des cloisons insonorisées. Il faut repeindre cet atelier triste à mourir, l’isoler, mieux le chauffer l’hiver, le climatiser un peu l’été. Il faudrait un lieu décent pour les employés qui cassent la croûte sur place, dans les vestiaires ou assis sur les machines. Il faudrait une salle de détente pour rompre ne serait-ce que cinq minutes avec le rythme, l’effort, le bruit. Il faudrait faire intervenir un ergonome pour rappeler les bons gestes qui n’engendrent pas de traumatismes, instituer cinq ...
    ... minutes de gym et d’étirements à chaque début de journée. Pour ça, le compte formation est excédentaire et peut le financer, sinon c’est perdu.
    — Quoi ? On perd de l’argent ?
    — Plusieurs dizaines de milliers d’euros par an, oui Monsieur.
    — Mais c’est fou, ça. Et je ne le sais même pas…
    — Et il faudrait une meilleure reconnaissance des personnels, une présence plus importante de la direction qui est vue comme ne cherchant qu’à faire du profit sur le dos des employés.
    — Pfff… Eh bé ! Vous ne parlez pas souvent, mais quand vous vous y mettez, ça vaut le déplacement. Vous savez ce qui serait bien ? C’est qu’on puisse débattre de tout ça en CA et en CHSCT. Vous pourriez me faire un rapport, une synthèse abordable par tous ?
    — Mais oui, c’est déjà fait. Si vous avez une clé USB, je vous la donne, sinon je l’envoie sur votre mail. Tout est chiffré avec devis. À réactualiser, bien sûr, mais ça donne une idée. Et avec les économies réalisées, je finance les dépenses, même un peu plus. Sur un an, mais notre trésorerie actuelle peut faire l’avance des fonds nécessaires, la marge ne serait pas entamée en comptant les aides et les primes diverses.
    — Vous en êtes sûre ?
    — Certaine.
    — Incroyable ! Vous êtes une réincarnation de Talleyrand, vous ! Mais… pourquoi ne pas l’avoir dit plus tôt ?
    — D’abord, je ne m’appelle pas Pluto ! Tout simplement parce que je n’ai obtenu les derniers devis que cette semaine.
    — Et vous faites ça sur votre temps de travail ?
    — Non, Monsieur le Directeur, ...
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