1. Drôle de couple


    Datte: 10/04/2022, Catégories: fh, hplusag, couple, handicap, bizarre, Collègues / Travail amour, pénétratio, mélo, coupfoudr, Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe

    ... environ le double de celui de mon précédent emploi, et je fais quelques journées, sans grand enthousiasme, pour mon précédent employeur. N’étant pas très demandeur, celles-ci se font progressivement plus rares. J’en viens même un soir à confier à Audrey, qui n’apprécie pas que je la quitte ainsi, ne fût-ce que pour une journée, la mise en garde que l’on m’avait faite. Elle rit beaucoup et eut une sortie plutôt rassurante :
    
    — Mon cher amour, comment avez-vous pu imaginer, ne serait-ce qu’un instant, que je pourrai un jour me passer de vous et vous mettre à la rue ? Vous savez, je suis un être simple et sans complications. Quand j’aime, j’aime et je n’ai rien d’une girouette ! Ai-je abandonné Edgar, même vous connaissant ?
    — Certes, ma douce, mais… Nous ne sommes pas mariés, vous êtes d’une beauté éblouissante et je suis bien banal, vous êtes riche et je dépends complètement de vous.
    — Oh la la… voilà qu’il nous fait sa petite crise de Caliméro ! Allons, mon amour, ressaisissez-vous et voyez la réalité en face. Vous me trouvez belle et je suis ravie de vous plaire. Je suis riche par accident, suffisamment pour deux il me semble, et j’espérais que vous étiez venu ici de votre plein gré. Quant au mariage, vous êtes bien placé, je crois, pour savoir que ce n’est pas une garantie de bonheur.
    — Vous avez raison, tout cela est vrai, mais aussi… tellement étonnant. Ça ressemble à un conte de fées et je ne devrais pas me laisser influencer par ceux qui ne le vivent pas, et ne ...
    ... peuvent pas savoir.
    — Je vais vous dire quelque chose, une chose que je ne vous ai encore jamais dite. Lorsque j’ai épousé Edgar, ma famille, mon père surtout qui m’avait trouvé cette place de traductrice, par relations, tous m’ont bannie, rejetée, rayée de leur vie à jamais. Parce qu’il était trop vieux pour moi, parce que je l’épousais pour son argent, pour son titre, parce que j’allais être la fortunée Comtesse de Tessous. Ma propre famille, mes parents, mon frère et mes sœurs… (ses yeux s’embuèrent et sa voix se fit étranglée). Condamnée sans jugement, sans qu’ils me voient simplement heureuse avec l’homme que j’aimais, sans que rien de ce que j’ai pu dire alors ne soit entendu. Toute petite j’étais déjà le « vilain petit canard », l’intellectuelle plongée dans ses bouquins et dans ses rêves. Je ne jouais pas avec les autres, je ne faisais pas de bêtises, mais je me faisais quand même gronder tout le temps parce que je ne leur ressemblais pas. J’ai compris plus tard que m’envoyer au loin, en stages à l’étranger d’abord puis ensuite à Paris, était une façon de m’éloigner d’eux, qu’ils étaient mieux ensemble quand je n’étais pas là. En me fermant leur porte, ils avaient trouvé le moyen de rompre définitivement, par incompréhension, par bêtise ou par jalousie… ou les trois à la fois. J’en ai souffert, j’en suis guérie. Mais je ne suis rien de tout ce qu’ils pensent de moi, je ne suis pas cupide ni mondaine, pas méprisante ni égoïste. Je suis normale, tout bêtement, et je ...