Drôle de couple - Histoires de Sexe

Drôle de couple

... époque par Mitterrand. Lorsqu’Ouattara fit arrêter Gbagbo, ça se passa plutôt mal. Moi et l’équipe de gardes que j’avais formés affrontâmes les militaires et policiers ivoiriens qui étaient venus en nombre, se doutant que l’arrestation ne serait pas facile. J’ai été blessé, arrêté et jeté en prison. Je crois que j’y serais encore aujourd’hui, oublié de tous si, trois ans plus tard, Monsieur le Comte n’avait pas tout mis en œuvre pour me libérer. Gbagbo, alors élu d’opposition, lui avait signalé mon existence, mais ne pouvait rien faire pour moi. Monsieur le Comte a magouillé, fait des marchés, forcé des portes, extorqué des signatures, et il est venu me chercher dans ma geôle. Une heure après nous décollions d’Abidjan dans un Falcon, avec interdiction d’y revenir pour l’un comme pour l’autre. Depuis cet instant, j’ai voué ma vie à Monsieur le Comte. Chauffeur était une couverture commode, j’étais en fait son garde du corps. Et il m’a fait jurer, Madame la Comtesse, de vous protéger jusqu’à ma mort.
— Eh bien, dites-moi, quelle histoire ! Sacré Edgar, il peut encore m’étonner, commente Audrey.
— Il faut que Madame la Comtesse sache que la Mercedes, je veux dire la limousine, est blindée. Monsieur le Comte craignait quelques vengeancesa posteriori pour quelques affaires… peu claires. Et dans le dôme du château, nous avons fait placer un radar infrarouge, qui me permet de localiser à tout moment les personnes dans la propriété sur cette tablette, ajouta Victor en sortant ...

... un écran de sa poche intérieure. J’ai vieilli, mais j’entretiens ma forme tous les jours, je m’entraîne au tir chaque mois, et je crois que vous pouvez dormir tranquilles. Ma vie est désormais à votre service, mon objectif : protéger la vôtre.

Tout ceci modifie notre position vis-à-vis de Victor. Même s’il était peu probable qu’on veuille s’en prendre à Audrey après la mort d’Edgar, les dernières volontés de ce dernier devaient être respectées. Et puis Victor comprend bien que sa « couverture » ne pouvait se limiter au seul rôle de chauffeur. Il accepte volontiers d’élargir ses activités dans la propriété sur le champ de ses compétences, mécanique, électricité et petit bricolage. Il saura se rendre rapidement indispensable et ne formule qu’un seul souhait, pouvoir vivre au grand jour son idylle avec Sylviane, la petite femme de ménage, jeune métisse d’une trentaine d’années. Il avait ramené d’Afrique un goût prononcé pour les femmes de couleur, ce n’est pas nous qui allions les empêcher d’être heureux. Et puis d’intrusion dans la propriété, il n’y en eut qu’une, un jour un pauvre cerf affolé poursuivi par une meute de chasse à courre qui vint trouver refuge dans le parc, on ne sait trop comment. Il y resta en paix après avoir chassé… les chasseurs !

Petit à petit, les jours, les semaines et les mois passant dans la même ambiance décontractée d’un amour total et d’un bonheur sans nuages, mes doutes et mes angoisses s’amenuisent. Audrey me versait un salaire conséquent, ...