Drôle de couple - Histoires de Sexe

Drôle de couple

... rutilants, en apparence du moins, car l’argent attire l’argent. Il ne serait pas étonnant que notre rendez-vous de samedi prochain soit le dernier. C’est sûr, j’allais la perdre pour toujours et j’allai souffrir encore. C’est la vie.

Elle me rappelle dès le mardi soir, très excitée :

—C’est de l’or. De l’or et des diamants…
— Quoi ?
—Eh bien, vous savez, le coffre à la banque. C’est un gros coffre. Il y a une trentaine de lingots d’or. C’est curieux, c’est tout petit, bien plus que je ne pensais, mais très lourd. Et puis il y a aussi un coffret avec un tas de diamants, une centaine… Combien ça vaut tout ça ?
— Disons… Environ un million en lingots et sûrement autant en diamants.
—Oh là là… C’est impressionnant. Dire que j’ignorais tout cela.
— Comment ça s’est passé, vos licenciements ?

Plutôt pas mal. Effectivement, l’idée de se mettre ensemble leur plaît bien, y compris le secrétaire qui fera aussi VSL à mi-temps. Je vais leur donner un coup de pouce pour s’installer, une indemnité de licenciement un peu élevée, en quelque sorte.

— C’est bien, vous avez du cœur, mais vous avez raison. À samedi.

Le samedi arrive, je suis fébrile, de plus en plus convaincu que je verrai Audrey pour la dernière fois ou du moins l’une des toutes dernières. La boule dans mon estomac a grossi, envahissant l’œsophage ce qui me donne une voix déformée, « blanche » comme on dit, malgré des raclements de gorge fréquents. Je fais mes emplettes au marché pour le déjeuner, ...

... incluant une rose orangée. J’avais bien pensé à mieux, un bijou, un foulard… Mais financièrement je n’étais pas à la hauteur, je devais rester à la mienne, rester simple. Elle arrive à l’heure dite.

— J’ai donné congé au chauffeur, comme à tout le personnel. Vous voudrez bien me ramener ?
— Évidemment, à moins que je ne vous garde…
— C’est vous qui voyez, repart-elle avec un sourire.

Longue et fine dans une tenue toujours noire, je me contente d’un nouveau baisemain. Elle parcourt l’appartement, en humant l’atmosphère, rappelant ses souvenirs.

— L’endroit où j’ai été la plus heureuse ces dix dernières années… C’est délicieux, ça n’a pas énormément changé…
— Non, pas trop, même si les couleurs sont un peu passées, moi aussi je voulais garder ces souvenirs intacts.

Gambas flambées, filets de sabre au four avec une simple sauce crème-moutarde accompagnés d’un peu de riz, fromages de chèvre locaux et les premiers raisins. Le tout arrosé d’un Menetou-Salon. Elle adorait le poisson, elle se régale et mange avec appétit et entrain.

— J’ai bien du mal à trouver des experts. J’ai envoyé une dizaine de courriers, la plupart ne veulent pas se déplacer, pensant tomber chez une rêveuse qui croit avoir acheté un tableau de maître pour quelques euros dans une brocante.
— J’ai pensé à quelqu’un qui pourrait même expertiser le tout. Peut-être moins finement qu’un véritable expert d’art ou qu’un œnologue, mais assez fiable cependant.
— Ah oui ? Qui çà, où ça ?
— Eh bien, le ...