1. Drôle de couple


    Datte: 10/04/2022, Catégories: fh, hplusag, couple, handicap, bizarre, Collègues / Travail amour, pénétratio, mélo, coupfoudr, Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe

    ... le déplore d’autant plus. Je crois que ces artistes se moquent de nous, du moins jusqu’à cet endroit de l’expo.
    — Vous me rassurez. Je me sentais tellement stupide devant toutes ces horreurs. Je me répétais depuis un quart d’heure que je ne comprends rien à l’art. J’ai soudain l’impression d’être moins seule et moins bête.
    — Vous plaisantez, il ne s’agit pas d’art, mais de grand n’importe quoi exposé au nom de l’art. De nos jours, les artistes sont avant tout des baratineurs, des camelots, utilisant un « jargoniseur » pour fourguer n’importe quoi à de pseudo-amateurs béats devant leurs grands mots. Que celui qui n’a rien compris se dénonce ! Et personne ne moufte.
    — C’est tout à fait ça. Vous avez lu le livret, demande-t-elle en me tendant le fascicule broché ? Je n’y comprends rien, c’est aussi clair qu’un dictionnaire médical.
    — Oui, mais en moins utile. Dali se moquait des gens ouvertement en balançant des petits meubles dans un fût de goudron de la fenêtre d’un premier étage face à l’Élysée. Mais par ailleurs, il avait un réel talent.
    — Euh… Il me semble que c’était depuis le balcon de son hôtel, rue de Rivoli, face au jardin des Tuileries…
    — Ah, pardonnez ma mémoire de cette « colllosalllle errrreur », fis-je en imitant vaguement Dali.
    — Aucune importance, Maître, et en plus il qualifiait toute l’assemblée de « crétins », disant que la magie du goudron, c’est que « tout objet sans valeur plongé dans le goudron vaut immédiatement 5000 dollars » !
    — Exact oui, ...
    ... je me souviens. Mais c’est tout à fait le prix du crétinisme. Sauf qu’ici, les artistes ne s’appellent pas Dali.
    
    Sa voix est chaude, envoûtante, assez grave, mais sans perdre une once de douceur et de féminité. C’est une caresse pour les oreilles, un charme supplémentaire, ou du moins un élément supplémentaire vers le zéro défaut.
    
    « Tout est bon chez elle, y a rien à jeter, Sur l’île déserte, il faut tout emporter… » fredonne Brassens dans mes pensées. C’est à ce moment que le gros cerbère de l’entrée nous interpelle :
    
    — Je suis désolée, messieurs-dames, mais nous devons fermer. C’est à cause du système de sécurité qui se met automatiquement en marche dès dix-huit heures. Si vous voulez bien vous diriger vers la sortie… Tenez, je vous offre un autre billet pour que vous puissiez voir la suite de l’exposition.
    
    Une fois sur le perron, je dis à ma compagne de visite que je n’étais pas certain de vouloir voir le reste.
    
    — C’est dommage, répond-elle, nous aurions pu poursuivre notre conversation et rire un peu, entre imbéciles rébarbatifs à l’art moderne.
    — Dans ce cas, je ferai un effort, mais rien que pour cette conversation. D’ailleurs nous pourrions la poursuivre maintenant devant un café ou un chocolat chaud, si ça vous dit.
    — Je suis désolée, mais on m’attend. Demain ? Dix-sept heures trente ?
    — D’accord, à demain.
    
    Elle se dirige vers une grosse limousine noire aux vitres teintées et s’installe à l’arrière. La voiture démarre dans un grondement feutré, ...
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