Drôle de couple - Histoires de Sexe

Drôle de couple

... ce message :

« Audrey, de 10 h à 11h et de 17 h à 18 h »

Un seul numéro est enregistré, le sien, ligne privée, horaires du kiné. Décidément, le couple s’était ligué pour me forcer la main. Mais que voulaient-ils au juste ? Je marche de long en large pendant une bonne heure, essayant de trouver un mobile quelconque, une machination possible derrière ces attitudes. Je finis par me dire que, étant assureur, ils visent une arnaque à l’assurance ou un truc dans ce genre. D’abord on devenait amis, ensuite je signe un des plus gros contrats de ma carrière avec leur propriété, assurances-vie et tout le toutim, puis tout flambe dès le contrat signé et enfin c’est le plus gros gouffre financier pour mon groupe. Je dois me méfier, être hyper-prudent sur ce coup, mais voir par curiosité.

Appeler de 10 à 11 ou de 17 à 18, très bien, mais je bosse moi, à ces heures-là. Elle est gentille la dame qui ne fout rien ! J’attends donc le samedi pour me manifester. Elle paraît ravie de m’entendre.

— Désolé, mais les autres jours, je travaille.
—Je me doutais bien et je ne vous en veux pas. C’est juste histoire de bavarder un peu pendant qu’Edgar est avec son kiné.
— J’avais bien décrypté les horaires. Vous ne souhaitez pas qu’il vous entende ?
—Eh bien… C’est curieux, mais non. Vous êtes ainsi un peu mon jardin secret.
— Vous aviez bien préparé ce petit cadeau !
—N’est-ce pas ! En fait, c’est plus à moi qu’à vous que j’ai fait un cadeau. Il me donne le plaisir de vous entendre. ...

... Mais je n’exige aucune exclusivité : vous pouvez modifier l’accueil de ce téléphone et y mettre tous les numéros que vous souhaitez
— Non, je trouve ça parfait comme ça. Pas de confusion possible, il vous est entièrement dédié. Et puis il prend si peu de place.
—Oui, c’est bien cela qui m’a plu, et je ne demande pas plus, tenir une toute petite place dans votre vie.
— C’est le cas en effet, difficile de faire autrement quand on travaille, mais ça ne veut pas dire que la place est aussi restreinte dans mes pensées.
—Vous êtes gentil. Ça aussi, c’est une qualité que j’apprécie beaucoup.
— Dites-moi, demain, il y a une brocante importante en ville. Je me doute que vous n’avez pas besoin de grand-chose, moi non plus, du reste. Mais c’est assez drôle toutes ces vieilleries étalées. Et puis on apprend des tas de choses par des objets qu’on ne connaît pas, en discutant avec les vendeurs. Ça vous intéresserait d’y venir ? Avec Edgar bien sûr, puisque c’est en pleine rue.
—Alors oui et non. Oui, ça m’intéresserait beaucoup, et non, Edgar ne viendra pas, il a pris la foule et les lieux publics en horreur. Mais… pourquoi pas, c’est d’accord, je viendrai. Où et à quelle heure ?
— Disons au plus tard à dix heures, parking de l’hôtel de ville.
—D’accord, chouette, ce sera bien mieux que le téléphone.
— On pourra même manger une saucisse-frites sur le pouce tout en déambulant. Ce serait drôle, non ?
—Je crains que ça ne soit pas très drôle pour le chauffeur. Et puis je préfère ...