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Aminata, esclave au temps de la colonie (1)
Datte: 02/04/2022, Catégories: Trash, Auteur: Zimpouf18, Source: Xstory
... sculptés par les dieux en personne. Cette femme avait quelque chose dont le roi ne pouvait se passer. — Kéïta ne devrait plus tarder ; tu dois t’en aller. Il se mit debout, nu comme un ver et observa la femme qui se trouvait en face de lui. — Je n’ai pas peur de Kéïta. Je suis le roi, après tout. — Je sais, Soundjata, mais c’est mon homme. Et malgré tout ce qu’il s’est passé entre nous ces dernières semaines je ne voudrais pas qu’il pense que je suis une mauvaise épouse. Et en plus l’une de tes femmes vient d’accoucher. — Mais je pense que... Tam-tam-tam-tam-tam-tam-tam-tam. Huit coup de tam-tam : le signe que le village était attaqué. Le roi ramassa sa djellaba et se hâta de sortir de la modeste cabane. Le spectacle qui s’offrit à lui était indescriptible. Les hommes hurlaient, les femmes et les enfants couraient dans tous les sens tandis que les piques perçaient les corps, faisant couler le sang africain sur le sol de la savane. Il s’agissait du village voisin. Cette attaque surprise avait pris le village au dépourvu. Les guerriers n’avaient pas eu le temps de se défendre et périssaient en grand nombre. Les plus robustes étaient fait prisonniers. Le roi se mit à genoux et enfonça ses deux mains dans la terre. Le village était perdu. ************ La route qui menait au village était calme et isolée ; les rares personnes qui l’empruntaient étaient les chasseurs de la tribu. Donc il était impossible à Kéïta de savoir ce qui s’était passé au ...
... village. Il marchait avec désinvolture tout en philosophant intérieurement. Son panier rempli de fruits, il riait de la prophétie de Dibaka. Il leva les yeux vers la forêt que l’on disait être le domaine des dieux. Un rire émana de sa gorge et il hurla : — Cette fois j’ai gagné ! Vous n’êtes rien : l’homme triomphera toujours des dieux ! Maudite prophétie, maudit soit le vieux Dibaka! Il continua son chemin, non sans s’être arrêté sous un figuier afin d’en recueillir quelques fruits dans son panier. Après s’être assis quelques instants pour philosopher à nouveau, il prit enfin la résolution de rentrer au village. ************ Dès qu’il eut franchi la lisière de la forêt, Kéïta sentit que quelque chose n’allait pas. D’habitude, lorsqu’un chasseur rentrait de la chasse, une dizaine d’enfants du village venaient le rencontrer dans l’espoir d’obtenir de lui un peu de gibier qu’ils iraient manger dans les bois, loin du village. Kéïta ne s’en inquiéta pas ; il se dit que peut-être le roi Soundjata organisait un rituel en l’honneur des dieux, d’où l’absence de sentinelles aux portes du village. Une fois entré au village, il découvrit un spectacle des plus macabres. De nombreux guerriers étaient sur le sol, morts. Les femmes et les enfants n’avaient pas été épargnés. Il paraissait évident qu’il n’y avait plus âme qui vive au village. Kéïta se mit les deux mains sur la tête et hurla. Lorsque l’homme se sent attaqué, son premier instinct s’avère parfois être la fuite. ...