Avant l'heure, c'est pas l'heure...
Datte: 13/03/2022,
Catégories:
fh,
inconnu,
hotel,
boitenuit,
caresses,
Oral
nopéné,
coupfoudr,
Auteur: Enzoric, Source: Revebebe
2 h 39. C’est l’heure que je lus sur la montre d’un type venu se désaltérer au bar.
À quelques minutes près, cela faisait donc cent cinquante-neuf minutes que j’étais, comme tous les samedis matin, assis à boire, bière après bière, seul au milieu de ce brouhaha.
J’ai mes habitudes ici, et le barman le sait. Il a vite compris que jamais je ne devais avoir un verre vide devant moi, aussi, sans que j’aie besoin de le héler ou lui faire signe, il dépose, une à une, les bières devant moi, attend quelques secondes, et repart à sa tâche en emportant le verre vide.
Ici, aucun argent ne circule au bar. On charge une carte magnétique à l’entrée. À quiconque il aurait demandé celle-ci avant de servir la commande, l’aurait débitée du montant, ou si besoin, aurait demandé à la personne d’aller faire l’appoint. Mais pas à moi. Plus à moi. Il me connaît maintenant. Il sait que j’ai mes habitudes, et que l’une d’elles, sinon la seule qu’il se doit de contenter, est de me servir sans que je n’aie besoin de lui demander. Ce, il le sait depuis le premier soir quand, comme à n’importe lequel de ses clients du soir, il demanda ma carte afin de vérifier qu’elle avait assez de crédit pour un verre. Il était dos à moi lorsqu’il la glissa dans l’appareil, sorte de TPE classique, mais j’imagine aisément la tête qu’il fit lorsqu’il lut, non pas une, ni deux, ni trois, mais cinq fois le solde affiché. À sa décharge, je doute qu’il avait déjà vu une telle somme créditée s’afficher, aussi je ne ...
... lui tins pas rigueur de contacter l’entrée via son casque-oreillette afin de vérifier que je n’avais pas piraté leur système de règlement. Depuis, il dépose ma carte dans un tiroir derrière le bar, et la débite après m’avoir servi.
Cela fait un peu plus d’un an que je viens chaque week-end ici, vers minuit. J’ai mes habitudes, et même les videurs ou la charmante personne qui encaisse les entrées et crédite les cartes m’ont très vite calculé. Je ne fais plus la queue dehors. On ne me demande plus combien je veux mettre en cash. J’ai mon siège, au bar, de réservé. Je n’ai jamais demandé un traitement de faveur, mais, que voulez-vous, ainsi sont les choses, et font les habitudes.
En général, bière oblige, je quitte ma chaise de bar vers les trois heures pour soulager un trop-plein de houblon sous pression, puis me réinstalle à ma place jusqu’à la fermeture. Ainsi sont les habitudes, bonnes ou mauvaises, mais rassurantes. Et plus elles sont ancrées, plus elles sont addictives. En changer, pire, s’en défaire relève souvent de l’impossible.
Les habitudes, pour moi, sont une drogue bien plus puissante que tout autre. Je peux me passer de fumer durant ces cinq heures matinales, de boire de l’alcool un, même plusieurs jours de suite, mais j’ai des rituels qu’il me faut, que je dois, assouvir. Oui, je suis un drogué aux habitudes, et comme tout drogué, malheur à qui me contrarie en ces moments de solitude recherchés et, surtout, appréciés. Boire seul, en silence, jusqu’à plus ...