1. Un si bel été, et ses suites (9)


    Datte: 24/02/2022, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Janus04, Source: Hds

    Un si bel été, et ses suites (9)
    
    L’automne avançait, pluvieux mais doux. Je suivais mes cours, retrouvais ma petite bande de copains et de copines dans notre café favori où nous nous appliquions à refaire le monde. Les couples éphémères se formaient et se défaisaient, mais je ne me sentais pas très attiré par les filles de mon âge. Je rendais assez régulièrement visite à Cécile, j’avais pu passer une seconde nuit avec ma tante Julie et Agnès m’avait téléphoné pour m’annoncer un probable séjour à Paris courant décembre. Mes désirs me portaient vers les femmes matures et il me semblait que la réciproque était vraie. En effet, était-ce que j’y étais plus attentif, mais je surprenais parfois, à la terrasse d’un café ou dans un magasin, le regard que posaient sur moi des femmes mûres ; il me semblait y lire un intérêt que seul mon manque d’assurance m’interdisait de vérifier et je m’en voulais de ne pas oser tenter ma chance. Même l’attitude de ma mère à mon égard me paraissait avoir évolué. Plus pudique, moins insouciante, alors qu’il lui arrivait couramment de traverser le salon en petite tenue, culotte et soutien-gorge, pour se rendre à la salle de bain, ou en sortir le peignoir négligemment entrouvert, elle me semblait désormais plus attentive à ne pas risquer de me troubler.
    
    Mais la vie me souriait et sans plus réfléchir à tout ça j’en profitais au jour le jour.
    
    « Toi qui prépare l’entrée aux Beaux-Arts, je te propose une visite qui va t’intéresser. » Ma tante ...
    ... Julie projette une signature de livre à la librairie., et souhaite y inviter une illustratrice de livres pour enfants. Elle a rendez-vous dans son atelier et me propose de l’accompagner.
    
    « Tu vas voir, c’est quelqu’un d’assez particulier mais ce qu’elle fait est très original, je pense que ça te plaira. »
    
    En chemin, Julie m’explique que Stoyanka est bulgare, qu’elle vit et travaille en France depuis longtemps, qu’elle est illustratrice mais aussi peintre, que sa peinture est « très particulière ».
    
    Stoyanka nous fait entrer dans son atelier et je ne sais ce qui me frappe d’abord, du lieu ou du personnage. La pièce est vaste et haute de plafond. La lumière y entre par de grandes verrières et inonde un indescriptible fouillis de tables basses sur lesquelles s’amoncellent livres, papiers, tubes de peinture, pots remplis de pinceaux et une foule d’objets divers qui jonchent aussi le sol. Le long des murs, une multitude de tableaux pour la plupart retournés.
    
    L’artiste elle-même est encore plus étrange. Petite et très brune, peau mate et cheveux de jais, il est difficile de lui donner un âge, entre quarante et cinquante peut-être. Elle semble se perdre dans une large blouse de peintre maculée de couleurs. Mais c’est son regard surtout qui fascine, ses yeux noirs, ce regard perçant qui s’est brièvement fixé sur moi.
    
    Stoyanka enlace affectueusement ma tante : « Ah, skùpa moya, comme je suis contente ! » Elle repose sur moi son regard aigu : « Entre, skùpa, approche » ...
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