La grande foire - Histoires de Sexe

La grande foire

... demain.
— J’ai mon travail, mes projets, mes objec…
— Au diable ces conneries, vos projets, je les transfère à votre supérieure…et on va voir comment elle se démerde, ajoute-t-elle à mi-voix.

Elle planta ses yeux dans les siens.

— Je vous attends demain midi ici même. Préparez une valise, nous partons ensemble.

~§§§~

Une valise, une valise, elle en avait de bonnes. Il ne possédait qu’un sac de sport qu’il venait de retrouver et d’ouvrir… Et faillit faire une syncope dans la foulée tant l’odeur qui s’en dégageait attaquait ses sinus et la couche d’ozone.

Il y avait laissé traîner des chaussettes et un tee-shirt humides de transpiration.

Seule solution, Pauline, sa grande sœur, qui habitait à quelques kilomètres de là.

— Allez, raconte tout, tu as encore fait une connerie ? Tu as l’air du type qui a tenté de vendre des godemichets dans un couvent.
— Pour une fois, non, j’ai rien fait, pas de ma faute, bougonna-t-il. Tous les ans, une semaine avant la Noël, une petite fête est donnée par l’entreprise. Des cadeaux sont distribués, on boit un coup et tout ça. Lors de cette réception, ma supérieure, Blanche Ysserie, m’a fait des avances. C’est une jolie femme, un peu saute-au-paf selon les rumeurs dans l’entreprise, et j’ai décliné l’invitation.
— Tu as refusé de lui dépoussiérer la meurtrière ?
— Oui, tu vois je ne suis pas encore titularisé, aussi je me vois mal coucher avec ma supérieure directe.
— Faut jamais mélanger cul et boulot, comme dit papa ...

... !
— Exactement. À ceci près que cette salope m’en veut maintenant. Alors elle me file tout le sale travail, le plus barge, le presque infaisable…
— Et ?
— Elle raconte partout que je suis homo… Et tu trouves ça drôle ?

Sa sœur se marrait, riait à s’en étouffer.

— Quand je vais raconter cette histoire à toutes mes copines que tu as culbutées, ça va bien les faire rire. Toi, gay ! Elle est bien bonne, c’est même la meilleure de l’année. Mais je ne vois pas en quoi je puis-t-être utile.
— Ce matin, la boss m’a convoqué, elle veut que je l’accompagne au Salon International du Bâtiment.
— Ce n’est pas une mauvaise nouvelle en soi.
— Si, elle veut m’évaluer elle-même, car l’autre pétasse dit que je ne branle rien. Je ne me fais guère d’illusions, la dirlo va certainement me virer avant la fin de la foire… Alors, si en plus je me ramène avec une valise qui pue, je démissionne de suite avant qu’elle ne me foute dehors.
— Quand apprendras-tu à ranger tes affaires ! Le seul souci, c’est que je n’ai que deux valises, une grande et une petite, et je ne suis pas sûre qu’elles améliorent ta réputation !

La jeune femme sortit d’un placard deux valises, roses, ornées de la figurineHello Kitty.

~§§§~

La grosse berline grise de la société avalait les kilomètres. Comme de bien entendu, Jean s’était fait chambrer avec sa valise. Même sa patronne arbora une petite moue ironique. Il se fit tout petit, nier n’aurait servi à rien, pire, à s’enfoncer. Outre les valises, le coffre ...