La grande foire - Histoires de Sexe

La grande foire

... lui flanquaient de grandes tapes dans le dos en lui promettant une tournée générale. Virginie Thé lui fit la bise.

Dans les toilettes, Anne et Virginie se repoudraient le nez tout en devisant.

— Tu fais des cachotteries, j’ai vu les regards que vous échangiez tous les deux, c’était plus que professionnel. Je le croyais inaccessible aux dames.
— Des inepties colportées par Blanche. Je t’assure qu’au lit, c’est une épée, mieux, un maître d’armes.
— Wouhh, wouhh, quand Blanche va savoir ça, elle va s’en mordre les doigts. Et c’est vraiment sérieux entre vous ?

Blanche Ysserie assise sur la cuvette des chiottes se demandait si elle ne faisait pas un horrible cauchemar. D’entendre glousser les deux femmes lui donnait des nausées.

— Il me fait me sentir unique, il est charmeur sans trop en faire ; il sait parfois me dire non ; doux, mais pas mou, ferme sans brutalité ; c’est un gentil qui ne le montre pas. Faible et fort à la fois, il a besoin de se faire rassurer tout en me rassurant.

Virginie regardait sa patronne et amie avec envie.

— Tu me décris l’homme parfait.
— Presque. Nous avons une certaine différence d’âge, mais comme disait Letizia,pourvou qué ça doure! reprenait Anne.
— Elle a dit ça… Laetitia… Halliday ?
— Mais non, Letizia, la mère de l’empereur, Letizia Bonaparte !
— En tout cas, je vois déjà le changement sur toi, cette robe courte, ce sourire…
— Il veut que je montre mes ...

... jambes, que selon lui, c’est péché que de ne pas les dévoiler. Puis il est plein de petites attentions, des fleurs chaque semaine, il me cuisine des petits plats… un exemple, avant-hier, j’étais épuisée, je me suis endormie sur le canapé.
— Oui ?
— Je me suis réveillée au lit, en nuisette, entre ses bras, il m’avait portée, déshabillée sans me réveiller. Je ne te dis pas le petit déjeuner qu’il a eu.
— C’est pour ça que tu es arrivée en retard, et lui aussi d’ailleurs ! Mais au boulot, avec les collègues ?
— Nous allons officialiser ce soir, et au boulot c’est toujours moi la patronne ! J’oubliais, en plus, il me masse les pieds comme personne ne me les a jamais massés, j’en frissonne rien que d’y songer… En réfléchissant bien, il ne masse pas que les pieds. Et surtout, ajoute-t-elle dans un murmure, il fait comme le furet, il aime passer par ici et repasser par là.

Elles sortirent en riant des toilettes, gloussant comme des gamines insouciantes.

Mis au courant, Abel et les autres mettaient au point une soirée enterrement de vie de garçon.

— Mais, nous n’allons pas nous marier !
— On s’en fout, tant qu’on peut s’amuser un peu et boire un coup.

Pendant ce temps, les femmes discutaient :

— D’ailleurs, au boulot, il a de ces idées de dingue, je ne regrette pas de l’avoir embauché, déclarait Anna à une Blanche médusée.

Extrait du journalLes Échos

Entretien avec madame Anna Faure, patronne deClausurá