Les Contes de Perpornault (1)
Datte: 09/11/2021,
Catégories:
Partouze / Groupe
Auteur: yannlakeu, Source: Xstory
Les paysans qui revenaient de la ferme, plein d’espoir en caressant le cou de leurs bœufs, s’inclinèrent bien bas, chapeau ou bonnet à la main pour saluer la troupe de cavaliers qui passaient sur la grande route.
On pouvait voir en effet, à la richesse de leurs vêtements constellés de pierreries et rehausses de fils d’or et d’argent, au riche harnais de leurs somptueux chevaux, à leur port altier et souverain, et à leur jeunesse qu’il s’agissait de quelques princes, héritiers de royaumes fabuleux, qui voyageaient ensemble.
Ils avançaient au pas lent de leurs haquenées et devisaient d’abondance.
La conversation était animée et chacun préparait ses arguments.
Ces princes charmants s’étaient mis en grève après que leurs revendications avaient été repoussées, et ils se rendaient en délégation syndicale auprès des représentants du patronat des auteurs, éditeurs et illustrateurs de contes de fées.
Ces derniers, arguant de leur qualité de prince, de leur beauté, de leur jeunesse et de leur richesse, ne voyaient vraiment pas de quoi on se plaignait, et semblaient fermés à la discussion.
— Pourtant, disait l’un, cela fait plusieurs siècles que notre statut n’a pas évolué ! C’est une honte.
— C’est vrai, renchérissait un autre. D’abord, nous ne sommes pas tous beaux...
— Et puis on a rarement un prénom, et quand on en a un, il est tarte.
— C’est vrai ! reconnut encore la petite troupe.
On s’appelait donc le prince A, B, C, D, E ou F.
— On n’a pas ...
... toujours la part belle, on peut être transformé en monstre...
— Sans compter que, si nous sommes jeunes et beaux, les illustrateurs nous dessinent comme des mignons d’ Henri III avec des culottes bouffantes et des bas de soie. On ressemble à des minets, à des précieux, à des danseuses. J’aimerais bien un peu de virilité bordel !
— Oui ! On peut tout de même garder nos gueules d’anges et avoir des muscles aux pecks, au bras aux cuisses... partout...
— Et du poil, reprit B !
— Et du poil ! répondirent-ils tous en cœur.
— Même à la queue ?
Il y eut un moment de silence.
— Ben quoi ? s’exclama F. qu’est-ce que j’ai dit ? On pourrait tout de même avoir des sexes d’hommes !
— Mais... on en a ! "Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants" !
— Tout ça, c’est de l’abstrait. Qui dit que je veux me marier... et avoir des gosses ? Et puis, on ne nous voit jamais en train de les faire ces mômes !
On approuva la justesse de cette observation.
— D’ailleurs, nous vieillissons mal. On devient des rois gros et débonnaires après avoir été des princes oisifs. Tout cela nuit à l’image de l’institution monarchique ! On aurait une révolution après ça que ça ne m’étonnerait pas !
L’unanimité se fit autour de cette revendication pertinente. La retraite posait un vrai problème.
— Et puis des enfants, des enfants... On pourrait pas juste comme ça une fois tirer un petit coup ? Rien sur nos bites et nos couilles ! Sous prétexte que nous sommes lus par des enfants ! ...