1. Reconstitution historique


    Datte: 03/10/2021, Catégories: fh, hplusag, hagé, couple, forêt, campagne, froid, toilettes, douche, 69, fsodo, historique, Humour sorcelleri, Auteur: Diable Mouret, Source: Revebebe

    ... à la synagogue » pour la faire participer à des messes noires. Elle expliquait aussi comment elle avait eu le pouvoir de faire mourir les enfants et les animaux des voisins dont elle souhaitait se venger.
    
    Je me fis donc un plaisir de répondre à cette dame que je connaissais le texte en question, que j’avais déjà lu l’histoire de son ancêtre présumée et que, pour parfaire sa connaissance du sujet, je l’invitais à lire, dans le numéro de 1913 de la « revue du Vivarais », la publication par le même Jean Régné, du texte intégral de l’interrogatoire de Béatrix Laurence, tel qu’il est archivé dans un registre de Simon Valentin, qui était à l’époque « notaire à Montpezat ».
    
    C’est ainsi que débuta une correspondance érudite mais non aride et que, de fil en aiguille, un jour, la dame en question décida de venir visiter les lieux où son ancêtre pratiqua la sorcellerie un demi-millénaire plus tôt.
    
    Elle profita de la belle saison pour s’installer quelques jours dans un des rares hôtels ouverts l’été à moins de vingt kilomètres de l’abbaye. Elle s’était fait accompagner de sa fille, quadragénaire indépendante et néanmoins séduisante, qui œuvrait dans les plantes bienfaisantes et la cosmétique naturelle.
    
    Nous avons visité Vernason, le hameau où avait vécu la sorcière, nous avons retrouvé la fontaine où « ledit diable Mouret » lui était apparu et nous avons poussé jusqu’à Rieuclar où elle avait fait mourir une fillette en lui jetant un sort. Nous avons aussi parcouru les ruines ...
    ... de l’abbaye de Mazan, à la recherche d’un lieu où auraient pu se trouver les cellules et les salles d’interrogatoire des moines et inquisiteurs.
    
    Mes deux visiteuses semblèrent apprécier leur visite. La mère était satisfaite d’avoir visité les lieux où avait vécu une ancêtre qu’elle jugeait quand même peu recommandable.
    
    Par contre, la fille s’avéra beaucoup plus curieuse, quasiment fascinée par cette sorcière qui se vantait de ses activités et énumérait tranquillement aux inquisiteurs tant de raisons d’être condamnée au bûcher. J’appris, au détour d’un échange, qu’elle portait les prénoms de Béatrice et de Laurence en deuxième et troisième position à l’état civil. Était-ce cette coïncidence qui la faisait se sentir si proche de cette ancêtre qu’elle imaginait déjà comme une féministe avant l’heure, guérisseuse et quelque peu hérétique ?
    
    Quelles pouvaient bien être les motivations de cette Béatrix Laurens, veuve quinquagénaire, de se poser en être maléfique en ce début du XVIe siècle, alors que Martin Luther commençait tout juste à ruer dans les brancards de l’Église catholique ? Se considérait-elle comme vieille et en fin de vie ? Pour l’époque, et pour une paysanne, il est vrai qu’elle devait être physiquement déjà usée.
    
    Nous avons même envisagé la possibilité que l’épidémie de « mal de Naples » mentionnée en 1496 par un bourgeois du Puy ait pu gagner les montagnes proches. Ce chroniqueur explique que c’est le roi de France Charles, huitième du nom, qui rapporta ...
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