Addicte (5)
Datte: 21/07/2018,
Catégories:
Lesbienne
Auteur: Orchidée, Source: Xstory
... la soirée.
– Sait-on jamais, mais je ne veux pas être accusée d’abus de faiblesse.
Sandrine observa son verre presque vide. Une gorgée de houblon et elle repartit dans sa diatribe.
– L’alcool c’est comme une histoire de fesses à un repas entre amis ou en famille, un homme en parle alors tout le monde rit. Une femme fait la même chose, on la dévisage comme une lépreuse. Vive l’égalité !
Sa réaction ressemblait à celle de Juliette dans l’après-midi. Nouvelle étape dans le processus de séduction, on arrivait à relever certains mots ou expressions particulières à chacune avec humour. L’ironie permettait d’en apprendre sur les espoirs à court terme, sur ce que chacune attendait de l’autre dans l’immédiat, une manière de dédramatiser la situation. Je me fis prendre de vitesse par Sandrine à ce jeu.
– Tu viens ici chercher la femme de ta vie.
– Euh… non, finis-je par admettre. Un peu de bon temps suffirait.
Les yeux derrière les lunettes s’écarquillèrent, la commissure des lèvres se releva, je m’attendis presque à la voir se gratter la tête sous l’effet d’une intense réflexion, ou se frotter le menton comme un personnage de dessin animé. La surprise venait de changer de camp. Je choisis de porter le coup de grâce.
– Au moins te voilà rassurée, je n’irai pas te relancer à Tours.
– Oui… non ! se débattit-elle aussitôt, prise à son propre piège. C’est seulement que, euh… je ne pensais pas à ça.
Sandrine paraissait moins embarrassée par la situation que ...
... par le fait de l’admettre, et elle mentait mal. Des regards attirés par nos rires se tournèrent dans notre direction. Leur présence ne nous gêna pas, il était trop tard pour cela. Certaine de ne pas essuyer un refus, amusée d’abandonner les indiscrètes à leur sort, je pris une main de Sandrine dans la mienne. Son frisson se propagea à tout mon être.
– On va chez moi, j’habite à côté.
Un battement de cils derrière les lunettes éveilla mon désir.
– Tu annonces la couleur, au moins, gloussa Sandrine dont la main restait dans la mienne à la découverte de mon alcôve.
– Disons que je n’aime pas l’hypocrisie.
– Tu as vu le film ? ajouta-t-elle après un sourire de connivence, confrontée au poster évocateur sur lequel Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux donnaient l’impression de se brouter mutuellement le minou.
La photo du film « La vie d’Adèle » trouvée sur le Net transférée sur une clé USB en fin d’après-midi, j’en avais fait un tirage grand format de moyenne qualité, punaisé à la va-vite sur la porte de la chambre.
– Bien sûr, c’est la Palme d’or du festival de cannes 2013.
– Alice au travail dit que les scènes de sexe ne sont pas réalistes dans le contexte, ça va trop vite d’après elle. Jamais la première fois…
La pauvre Sandrine se sentait gagnée par la panique à l’idée de passer à l’acte. Il ne me viendrait jamais à l’esprit de la forcer.
– Ne t’inquiète pas, dis-je en effleurant ses lèvres. Tu veux boire quelque chose ? Je n’ai plus de bière.
– ...