1. Centre de documentation


    Datte: 16/07/2018, Catégories: fh, hplusag, Collègues / Travail Auteur: Bernard Nadette, Source: Revebebe

    ... mariage, il n’a jamais été empressé au lit. On baise une fois, deux fois par mois au mieux, quasiment toujours à mon initiative et souvent je fais un bide. Pour dire, après la nuit de noce, il s’est passé trois semaines avant que l’on ne refasse l’amour ; et encore, vite fait. Pendant les vingt jours du voyage de noces, je n’ai pu l’entraîner à faire l’amour qu’une fois. Aussi, m’asseyant une fois de plus sur mes principes, je n’ai jamais cessé de baiser avec mon documentaliste coquin. J’ai même un secret : le petit polichinelle que j’ai dans le ventre, c’est lui qui l’a mis. Mais chut, il ne le sait pas encore.
    
    – Lui –
    
    Quand on a affaire au public, surtout à un public régulier, des liens peuvent se tisser ; mais il faut éviter toute situation ambiguë, sinon cela risque de devenir ingérable et de vous pourrir la vie au travail (même chose avec les collègues). Cela faisait trente ans que je m’en tenais à ces sain(t)s principes en n’ayant eu qu’à m’en féliciter. En plus, j’ai maintenant une compagne et un fils.
    
    Quand je sentais que cela devenait un peu équivoque, je m’arrangeais pour mettre les choses au point en douceur. Une enseignante qui voulait se reconvertir venait régulièrement travailler au Centre de Documentation. Nous avions plus de vingt ans de différence d’âge, aussi l’idée que je puisse l’intéresser ne m’a pas effleurée. D’autant que c’est ce que l’on peut appeler une très belle fille (grande : plus d’1,75 m, un visage d’ange illuminé par de magnifiques ...
    ... yeux verts et encadré par de longs cheveux noirs et un physique à vous faire retourner dans la rue). Des doutes ont fini par me venir ; aussi je me suis arrangé pour passer devant elle un coup de téléphone à ma compagne et parler de notre fils. Elle a continué à venir régulièrement, mais son attitude n’était plus tout à fait la même.
    
    Plusieurs mois passent, l’été approche. Un jour ma collègue doit partir plus tôt et l’enseignante – les autres lecteurs quittant aussi la place – reste ma dernière lectrice. Vu le peu de monde, une seule personne, je m’autorise à ramener mon thé au bureau de permanence. Au moment où je traverse la salle, elle se lève et me bouscule. Elle est trempée. Je l’emmène aux vestiaires et, après lui avoir passé ma serviette de piscine, je retourne au bureau. Elle m’y rejoint pour me poser des questions, ce qui est normal : je suis là pour y répondre. Ce qui l’est moins, c’est qu’elle est, en tout et pour tout, simplement vêtue de ma serviette. Je m’efforce à la regarder dans les yeux ; pourtant, le spectacle offert a tout pour attirer l’œil.
    
    À une question qu’elle me pose, bien que sachant parfaitement y répondre, je prends un dossier pour avoir l’occasion de plonger ostensiblement le nez dedans. Elle vient à côté de moi le lire. Au moins je ne l’ai plus en face, mais elle se colle à moi, ce qui n’est pas mieux. Je m’écarte pour me lever et aller chercher un document, n’importe lequel mais ailleurs. Je n’en ai pas le temps : elle s’assoit sur mes ...