1. Le cercle des écrivains disparus


    Datte: 16/07/2018, Catégories: nonéro, portrait, pastiche, Humour policier, fantastiqu, revebebe, Auteur: Brodsky, Source: Revebebe

    « J’ai sur la langue, un rouge à lèvre Lilas, Lilas… »
    
    Lenorman passe en boucle sur ma platine depuis ce matin. Ouais, je sais, ça fait pas « jeune » comme dirait Athanagor, mais ça fait terriblement du bien. Je suis sur mon petit nuage, devant mon café à rechercher l’inspiration pour ma chronique hebdomadaire, mais je n’y arrive pas.
    
    Je suis noyé dans un océan de guimauve, et… j’aime ça. En même temps, je me rends bien compte que mes états d’âme ne vont pas intéresser grand monde. Or, il faut bouffer… L’écriture, ce n’est pas une production à la chaîne dans une usine de bagnoles. On ne fabrique pas indéfiniment la même pièce toute la journée. Faut du neuf chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde… Et là, tout ce qui s’imprime sur mon écran, ce sont des mots tellement sucrés que je risque un dépôt de plainte émanant des associations de défense des diabétiques.
    
    Comment transformer le sucre en piment comme les alchimistes d’hier tentaient de transformer le plomb en or ? Est-ce possible ? Ils n’ont jamais trouvé la pierre philosophale, mais moi j’ai trouvé la fille d’Aphrodite. Je laisse mes doigts courir sur l’écran… Les mots s’affichent tout seuls…
    
    Ouais… Juste une nuit, et me voilà en manque. Je vais finir par croire qu’ils ne rigolent pas, tous ces mabouls, et qu’ils sont bel et bien des descendants des Olympiens. Quant au mélange d’ADN évoqué par l’Œil Coquin, si ce n’est pas une supercherie, ça s’expliquerait par le fait que je descends ...
    ... d’Apollon et Hank de Dionysos… Je délire…
    
    Ça m’a pris moins de dix minutes, mais au final je me retrouve avec quatre couplets pas trop mal torchés, que je relis avec satisfaction. Manque plus qu’une musique… Je vois ça un peu jazzy… Je prends ma gratte… Mais non. Je suis une bille en musique. Je vais envoyer ça à mon pote, Ricky the Black. Il sait mieux faire que moi…
    
    ***
    
    — Allô, Brodsky… Je suis désolé de te déranger maintenant, je sais, c’était pas prévu, mais c’est grave.
    — Qu’est-ce qui se passe, Jakin ?
    — Réunion ce soir, à vingt-et-une heures…
    — Pourquoi ?
    — Je ne peux pas en parler au téléphone.
    — Ouais… Mais bon… Ce soir, je suis censé être sur Arte pour un débat sur l’influence réelle des rayons de la nouvelle lune sur la reproduction sexuelle des hannetons d’Amérique du Nord.
    — Faut que tu te décommandes, Frère !
    
    Et allez… J’aurais dû m’en douter. J’ai mis les pieds dans leur machin, et maintenant, il va falloir y consacrer tout mon temps libre. LA raison pour laquelle jusqu’ici je refusais d’adhérer à RIEN. Associations caritatives, clubs de pétanque, partis politiques, syndicats… Faut toujours qu’on cherche à t’embrigader une fois que t’as accepté la poignée de main « fraternelle » qu’on te tendait.
    
    Avec tous les arguments culpabilisants qui vont avec : « On a vraiment besoin de toi, on peut pas se passer de toi, tu es l’homme de la situation, tu peux pas nous laisser tomber, ta présence est essentielle, et blablabla, et blablabla… » Tu te pointes à ...
«1234...»