1. Haoua, vendeuse de galettes. Première partie : la


    Datte: 13/07/2018, Catégories: Humour Première fois Auteur: proxxx6, Source: xHamster

    ... merveilleux sourire qui illumina tout son visage. C’était comme si je venais de lui faire un joli cadeau. Je démarrai sans plus penser à elle. Le lendemain, à la même heure, je la retrouvai à la même place et dans la même position. Je lui achetai encore une galette, et la payai avec une pièce de cent dinars. Elle fouina dans son sac pour me rendre la monnaie. Me rappelant le merveilleux sourire de la veille, je lui fis signe de la garder. Et effectivement elle eut le même sourire éclatant et me remercia en m’envoyant une bénédiction (« Qu’Allah te le rende au centuple ! » ou quelque chose d’approchant).
    
    Pendant environ une quinzaine de jours les choses se passèrent de manière identique. Et puis un soir, je vis que quelque chose de grave avait dû se passer : elle n’était plus debout, mais assise à même le trottoir. Elle était entrain de pleurer silencieusement, mais à chaudes larmes. Je me demandais ce qui avait bien pu se passer; les autres vendeurs de galette n’étaient plus là et la jeune femme n’avait pas son panier. J’arrêtai le moteur de la voiture et en descendit pour voir de quoi il retournait.
    
    - Que s’est-il passé ? demandai-je à la fille, qui n’avait pas encore remarqué ma présence.
    
    - La police !
    
    - Quoi, la police ?
    
    - Ils m’ont pris toutes mes galettes ! Mon oncle va me tuer ! Il attend que lui ramène l’argent de la vente ! Il va me tuer ! Je ne peux pas rentrer à la maison !
    
    - Combien, il y avait de galettes ?
    
    - Cinquante !
    
    Je fis un rapide ...
    ... calcul mental et lui donnai la somme qu’elle venait de perdre. Dans un premier temps, elle refusa de prendre les billets que je lui tendais. J’insistais, en lui disant qu’elle me remboursera chaque jour avec une galette. Elle réfléchit une seconde, puis me prit l’argent de la main, m’envoya son superbe sourire, sécha ses larmes et fit le geste de partir avant de se raviser. Elle fit demi-tour et m’embrasa sur la joue.
    
    - Que Dieu te bénisse ! Tu viens de me sauver la vie !
    
    Et elle partit en courant. Je la revis le lendemain et les jours suivants, y compris les week-ends. Maintenant, elle venait vers moi en souriant de toutes ses quenottes (elle avait de petites dents toutes blanches, qui lui donnait l’air d’un chaton !), demandait des nouvelles de ma santé et de ma famille et me tendait une galette. Elle refusait à chaque fois que je la paie, et moi je la convainquais de prendre l’argent, en lui disant qu’elle en avait plus besoin que moi. Tous les jours qui suivirent, nous jouions au même jeu en riant. Avec le temps, elle me raconta sa triste histoire et celle de sa famille. Elle était originaire d’un petit hameau de l’Atlas Blidéen qui avait été détruit par un groupe de terroristes islamistes en 1996. Toute sa famille avait été massacrée; elle en était la seule survivante, parce que cette nuit là, elle avait passé la nuit chez son oncle paternel, dans un autre hameau, à une dizaine de kilomètres de là.
    
    A la suite de ce carnage, tous les villages des alentours avaient ...
«1234...15»