1. Promenade un soir d'été


    Datte: 30/06/2018, Catégories: fh, sf, Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe

    ... collier d’Élodie, il faillit en perdre les pédales pour de bon. Puis, d’un seul coup, il accepta les choses telles qu’elles venaient, lâchant prise sur ce qu’il croyait possible. N’avait-il pas obtenu ce qu’il était venu chercher, en fin de compte, un « contact » avec les siens ? Alors, qu’importait que celui-ci se manifeste de façon si peu conventionnelle, sans aucune possibilité d’explication…
    
    — Élodie, Manon… Mes petites femmes ! Je vous aime ! sanglota Alain, en glissant le collier dans une poche à échantillon. Vous serez toujours avec moi, partout où j’irai !
    
    Titubant jusqu’au rebord de béton brut, il remonta sur le quai avant d’inspecter sa combinaison. La matière qui la constituait semblait plutôt résistante : pas de déchirures apparentes, malgré les chutes et les contorsions pour s’extraire de la fosse. Visiblement, il n’était pas contaminé.
    
    Quand il s’installa au guidon de son quad, le soleil avait complètement disparu. Durant quelques dizaines de minutes encore, un halo résiduel illuminerait l’horizon. Puis il ferait nuit noire. Mieux valait ne pas compter sur la lune ou la lueur des étoiles, pour le guider à travers le chaos qu’était devenu la route… Il démarra donc son brave engin et prit la direction de Créteil centre.
    
    ooOOoo
    
    Le bunker sous l’hôpital Chennevier était tel que nous l’avions laissé quatre mois plus tôt. Robert achevait lentement de se décomposer, son corps putréfié répandant un fumet abominable dans le sas de décontamination.
    
    — ...
    ... Finalement, même mort, tu restes une belle pourriture, s’était esclaffé Alain, en enveloppant le cadavre délité dans une toile semi-imperméable.
    
    Cette manifestation de bonne humeur, légèrement hystérique, n’était pas de trop pour l’aider à affronter la suite du programme, soit déposer les restes du chef de service à l’extérieur du bâtiment et chasser les fluides vitaux, noirâtres et nauséabonds, dans la bonde de la douche, avec en prime une cargaison toute fraîche d’asticots. Sans produits d’entretien, c’était le mieux qu’il puisse faire, estima-t-il.
    
    Pour une fois Alain n’était pas mécontent de se mouvoir en combinaison isolante et masque à gaz. D’ailleurs il attendit d’être dans l’abri et d’avoir refermé le sas pour se débarrasser de son respirateur. Même s’il avait en partie réussi à éviter l’odeur, il n’était pas près d’oublier ce spectacle putride, le genre à alimenter pour longtemps vos pires cauchemars. Il se prépara néanmoins une ration lyophilisée, qu’il avala sans appétit avant de s’arranger un lit dans le dortoir commun. La nuit s’annonçait longue, très longue.
    
    D’autres fantômes hantaient les lieux – les miens ! – et il faut croire que, d’une certaine façon, la contagion s’était établie dans son esprit car Alain ne dormit presque pas durant les heures qui suivirent… Il passa le plus clair de son temps à évoquer son hallucination – si tant est que l’on puisse nommer ainsi un tel état de conscience – et plus particulièrement le moment où son regard s’était posé ...
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