1. La dentiste (1)


    Datte: 20/06/2018, Catégories: Divers, Auteur: Doogy Woogy, Source: Xstory

    Décrocher un rendez-vous en urgence chez un dentiste devenait une vraie galère. Le mien avait pris sa retraite et personne ne s’était proposé pour le remplacer. Je fis le tour des cabinets les plus proches. La réponse était toujours la même. Nouveau client ? Espérer obtenir un quelconque rendez-vous nécessitait une attente de plusieurs semaines – voire mois – chez certains praticiens. Contre toute attente, ce fut dans une petite ville, la dernière avant la campagne profonde, que je dégotai mon précieux sésame pour soulager mes douleurs.
    
    Tant pis pour l’écologie ; je pris ma voiture pour me rendre au cabinet du docteur Aurélie Raigner, ne voulant pas courir le risque de rater la séance en sous-estimant le temps nécessaire pour effectuer le trajet en bus.
    
    Ayant toujours été un peu stressé à l’idée de confier ma bouche à une personne manipulant une fraise, j’envisageai tous les cas de figure concernant cette dentiste providentielle : souffrirais-je entre ses mains ou, au contraire, se montrerait-elle si douce que j’en ferai illico ma nouvelle praticienne attitrée ?
    
    La secrétaire m’accueillit d’une voix douce mais pourtant un brin masculine, tout comme son menton un peu carré. Cependant, je ne m’y attardai guère tant le volume de sa poitrine crevait les yeux : ses seins tendaient son tee-shirt dont l’encolure, qui devait être ras du cou lors de l’achat, se déformait maintenant en un décolleté à faire passer le grand canyon pour une vulgaire rigole !
    
    Elle me demanda ...
    ... ma carte Vitale et celle de ma mutuelle. Il me sembla qu’elle avait ajouté un clin d’œil à sa requête, mais je constatai sans délai qu’il ne s’agissait que d’un tic malencontreux. Elle me rendit mes documents et m’invita à rejoindre la salle d’attente.
    
    — C’est la deuxième porte à droite. Mettez-vous à l’aise : vous êtes un peu en avance, et le dernier patient ; il y a toujours un peu de retard en fin de journée.
    
    J’ouvris la dite porte et marquai une seconde d’arrêt. Décidément, tout dans ce cabinet refusait les conventions. Après la secrétaire trans dotée de bonnets triple Z à faire passer le cabinet pour un studio de tournage de films X, j’entrai dans la salle d’attente la moins... attendue. Ici, des tentures de velours pourpre tamisant la faible lumière de quelques spots encastrés remplaçaient les murs blancs – ou pastel pour les plus originaux – traditionnels. Même l’habituelle odeur médicale des cabinets dentaires avait disparu, laissant place à un parfum capiteux. Un instant je crus m’être trompé d’officine, mais aucun doute n’était possible.
    
    Soulagé à l’idée que la douleur lancinante qui m’agaçait depuis quelques jours s’apprêtait à disparaître, je me détendis, au point de fermer les yeux pour compenser l’accumulation de sommeil perdu lors des précédentes nuits, gris pâle sinon blanches. Tant et si bien que lorsque mon tour arriva, la secrétaire se pencha pour me réveiller ; mes yeux, à quelques centimètres de sa poitrine, furent près de sauter par-dessus le ...
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