1. Délice de sieste


    Datte: 17/06/2018, Catégories: fh, volupté, aliments, poésie, Auteur: Dentelle, Source: Revebebe

    ... s’empresse de poser ses lèvres
    
    sur le chemin du jus du fruit,
    
    divine sensation de partager ce moment de pure intimité avec lui.
    
    L’abricot a le goût du soleil,
    
    la chaleur des jours passés à mûrir.
    
    Je mords encore une fois,
    
    cédant la place à un cœur de chair découverte.
    
    C’est un délice,
    
    saveur du fruit,
    
    succulence de ses lèvres à la recherche de la moindre empreinte.
    
    Je termine le fruit en léchant au passage chaque parcelle de ses doigts,
    
    ne lui laissant qu’une impression de noyau dur au creux durci par l’émotion.
    
    La sensualité de ce moment partagé n’a rien de commun avec une partie de danse de jambes en l’air, c’est la naissance d’un autre sentiment,
    
    d’un partage,
    
    d’une envie commune de se satisfaire pleinement.
    
    Je savoure à l’extrême la volupté du fruit
    
    qui pour cette fois n’avait pas le goût du défendu,
    
    mais celui de nos doigts entrelacés dans l’amour.
    
    Régal de ses doigts abricotés.
    
    Le regard illuminé,
    
    il tend la main vers la corbeille,
    
    en sort un autre, le coupe
    
    savamment en deux parties égales,
    
    et les dépose sur le bout de mes seins,
    
    après la plage, la crête des dunes.
    
    Sensation bien étrange,
    
    je me sens transformée en fruit confit,
    
    qui attend impatiemment la bouche,
    
    gourmande et avide.
    
    Il continue son épopée en cueillant
    
    deux grosses cerises,
    
    du rouge le plus foncé de la gamme.
    
    Juteuses, gorgées aussi à point.
    
    Il me taquine,
    
    surveille mes sensations,
    
    épie mes ...
    ... mouvements,
    
    salive de fascination.
    
    Il promène les deux cerises
    
    jusqu’à l’orée de mon désir.
    
    Il entrouvre mes lèvres,
    
    les place savamment une à une,
    
    Je me contracte légèrement,
    
    de manière à emprisonner les fruits,
    
    sans les écraser.
    
    Divin, cet assemblage de fruits frais
    
    à proximité de mon bourgeon
    
    crée une impression de complicité.
    
    Comment pouvait-il deviner la chaleur et l’humidité
    
    qui doucement m’envahissent ?
    
    — Il va falloir y goûter maintenant, lui dis-je d’une voix suave.
    
    Son regard ne laisse présager que du bonheur,
    
    Du nombril, il trace une ligne,
    
    d’abord avec le doigt
    
    qu’il prend soin d’humidifier
    
    dans ma bouche,
    
    pour passer ensuite à la sienne,
    
    pour plus tard glisser la langue,
    
    sur le tracé du chemin pré-établi.
    
    Il opère un subtil jeu de doigts,
    
    jeu de langue,
    
    sur ma peau,
    
    pianotant,
    
    décrivant des broderies,
    
    des fioritures,
    
    talonnant de près mon envie
    
    de galop vers le plaisir.
    
    Coquin il se fait attendre,
    
    galope,
    
    trotte,
    
    pour rester ensuite au pas,
    
    au pied de mon cerisier qui n’attend plus
    
    que sa cueillette.
    
    Délicatement, il pose d’abord les lèvres,
    
    sur le rebord de la faille,
    
    ne cherchant pas encore à s’y engouffrer.
    
    Je piaffe tel un cheval fou,
    
    mais il est maître de lui
    
    et de moi.
    
    Il jette un coup d’œil,
    
    discret,
    
    un peu maladroit.
    
    Une légère ondée m’envahit sous son œil aguicheur,
    
    elle se mélange aux fruits,
    
    picotant leur chair ...