1. La Belle Espagnole


    Datte: 11/06/2018, Catégories: inconnu, train, amour, revede, confession, nostalgie, Auteur: PapaTangoCharlie, Source: Revebebe

    ... qu’elle les avait longues et fines.
    
    Soudain, elle leva à nouveau les yeux de son bouquin et me jeta un regard oblique que j’interprétai comme une sorte d’agacement de sa part à se sentir ainsi sans cesse observée. Comme un enfant surpris les doigts dans le pot de confiture, je me sentis encore tout penaud et fis semblant de me replonger dans ma lecture.
    
    Enfin notre train arriva à son terminus. Les portes s’ouvrirent et lâchèrent sur le quai un flot compact de banlieusards plus pressés les uns que les autres. Le quai fut vite envahi de cette foule indifférente et blasée marchant comme un seul bloc en direction de la sortie.
    
    J’avais attendu que la Belle Espagnole se lève la première afin de me placer juste derrière elle sur la plate-forme du wagon. À vingt centimètres d’elle, je pus alors admirer sa longue chevelure et sentir son subtil parfum qui ajouta encore à mon émoi. À l’instant où les portes s’étaient ouvertes et où tout le monde s’était rué sur le quai, ma Belle Espagnole avait suivi le mouvement, et moi, comme un toutou fidèle, je lui avais emboîté le pas. Marchant ainsi à un mètre derrière elle, je pus l’observer tout à loisir. Enfin je pouvais admirer ses jambes. Elles étaient bien comme je les avais imaginées, et ses escarpins, assortis à son tailleur, les affinait encore davantage.« Quelle femme de goût ! » pensai-je. Sa silhouette toute entière était d’ailleurs à l’unisson, celle d’une grande et belle femme à la taille fine, à la démarche de princesse, ...
    ... qui semblait sortir tout droit d’un défilé de chez Dior. Mais que faisait donc une personne si jolie et si distinguée dans un minable train de banlieue ?
    
    Je n’eus d’ailleurs pas longtemps le plaisir de suivre du regard son beau petit postérieur ondulant devant moi car elle marchait si vite, malgré sa jupe étroite, que je la perdis bientôt dans la foule. Dépité, je pris alors mon métro quotidien tout en commençant à penser à cette foutue réunion qui m’attendait, ce qui me ramena à des pensées bien plus terre-à-terre.
    
    La journée fut longue… très longue car je ne cessais de penser, de manière quasi obsessionnelle, à cette Belle Espagnole rencontrée dans le train. Je revoyais, comme un film tournant en boucle, ses beaux yeux bruns me fixer intensément. Je me consolai en me disant« Demain, je la reverrai. »
    
    Le lendemain matin, je n’avais pas de réunion prévue et je me sentais donc plus détendu. J’étais à l’heure à la gare et j’attendais tranquillement mon train sur le quai, comme tous les jours. Enfin, pas tout à fait comme tous les jours car ce matin-là mes pensées étaient toutes pour ma Belle Espagnole que j’espérais secrètement retrouver dans le train. C’était comme si j’allais à un premier rendez-vous ; j’avais le cœur léger et déjà je ne pensais plus qu’à elle. Pourtant, il fallait que je modère mon enthousiasme, que je ne me fasse pas trop d’illusions ; la probabilité de la retrouver était somme toute assez faible. Mais ce jour-là j’étais un incorrigible optimiste ...
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