1. Flora, une femme complexée ou comment conjurer le bonheur


    Datte: 01/06/2018, Catégories: fh, complexe, fête, amour, Auteur: Laure Topigne, Source: Revebebe

    ... titube, bien que le vin n’en soit nullement la cause.
    
    Il suspendit sa marche et se tourna vers elle. Avec un regard implorant, elle tendait ses lèvres. Lentement, il s’approcha de son visage et vint y unir les siennes. Elle noua ses bras autour de son cou puis ils échangèrent le plus long des baisers. Et tous deux le vécurent comme premier, car non seulement il effaça jusqu’au souvenir des précédents, mais surtout fut originel en leur donnant le sentiment d’un renouveau et de l’ouverture à une affectivité inintelligible antérieurement. Un instant, ils s’immergèrent au centre tournoyant du « Jardin des délices ». Désormais, ils le comprirent, il y aurait l’avant et l’après. Il leur sembla que le monde entier se résorbait en cette embrassade tant attendue, si intensément espérée. Frédéric n’investit pas que la bouche de Flora, mais tout son être et elle s’absorba sans la moindre réserve ni arrière-pensée dans cette félicité, cédant à un vertige inconnu et enchanteur. Des trompes sonnèrent dans sa tête, des éblouissements troublèrent sa vue, un spasme ébranla tout son être. Lorsqu’ils se désunirent, elle prit son bras et s’appuyant légèrement sur son épaule, elle susurra :
    
    — Raccompagnez-moi, c’est à deux pas.
    
    Ils marchèrent sans hâte et sans rompre le silence. Elle se laissait porter par un bien-être exquis en se répétant avec stupeur « Je suis amoureuse ». Arrivés au pied de son immeuble, elle déclara d’une voix blanche :
    
    — Je n’ose pas imaginer que cette ...
    ... merveilleuse soirée puisse si promptement s’achever. Veux-tu monter, prendre un dernier verre ? C’est bien comme cela qu’on dit dans les films ?
    
    La porte de l’appartement claqua, ils se retrouvèrent, debout, l’un face à l’autre, gênés. Soudés dans le même élan, partageant les mêmes âpres concupiscences, ils brûlaient de faire l’amour, mais craignaient de s’emporter au point de ne parvenir qu’à coucher ensemble. Progressivement, les langues se recherchèrent, s’explorèrent. Ce ne furent d’abord que leurs pointes qui s’effleurèrent, messagères anxieuses, puis elles se percutèrent, fouineuses, avides et fusionnelles. Ses doigts de pianiste couraient dans son dos éveillant d’intolérables ondes de désir qui la pâmaient dans ses bras. Elle atteignait déjà au septième ciel, il devait donc y en avoir un huitième plus ensorcelant et, qui pouvait savoir, d’autres encore peut-être, au-delà ! Rien ne la pressait d’y accéder, au contraire elle avait envie de distendre chacun de ces instants en éternité.
    
    Les lèvres de Frédéric papillonnèrent dans son cou, butinant les nectars de ces émois préliminaires. Elle s’esclaffait avec de petits éclats de rires argentins qui vite se transformèrent en halètements étouffés et sans doute quémandeurs. Il porta ensuite ses incandescences vers ses épaules mordorées d’où elles chassèrent graduellement les bretelles de la robe. Elle ne tarda pas à sentir la soie s’enfuir le long de son corps en une caresse fluide et bienfaisante. Il fit alors deux pas en ...
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