Hastings
Datte: 01/06/2018,
Catégories:
nonéro,
portrait,
délire,
Humour
revebebe,
Auteur: Brodsky, Source: Revebebe
... vous avez la culture nécessaire pour percevoir la nature profonde de l’âme tourmentée du héros.
— Mais, je ne connais que la mort d’Arthur…
— Peu importe ! Robert de Boron a écrit un livre magnifique sur Guillaume le Conquérant. 17588 vers absolument formidables que j’ai entrepris de traduire afin de les offrir au public français. Hélas, comme vous le savez, la culture française est en pleine déliquescence… Les critiques ont été impitoyables. La réalité, c’est qu’ils n’ont rien compris à la magie des vers. J’ai donc décidé de produire à mes frais un grand film sur Guillaume le Conquérant, dans lequel les personnages parleront avec la langue de l’époque.
— Mais je ne sais pas jouer…
— Tant mieux… Vous vous effacerez derrière la musique des vers qui se suffit à elle-même. Jugez-en :
J’ai eu la faiblesse de dire oui, bien entendu… Sauf qu’apprendre du Robert de Boron traduit par Vopicek, cela nécessitait des efforts surhumains de lecture, de compréhension, d’analyse, de diction ; enfin bref, un travail d’acteur de théâtre complété avec les techniques de l’Actor’s Studio. Pas évident de déclamer à la manière d’un Pacino :
Ce à quoi ma partenaire devait répondre :
Énorme ! Aujourd’hui, plus personne n’oserait écrire ainsi. Et pourtant, le réalisme de la scène est formidable. « Écartez bien vos cuisses, belle tante, que j’y glisse, en deux temps ma saucisse. » On imagine la belle, offerte, nue, les cuisses frémissantes, et l’autre (moi en l’occurrence) le zgeg entre ...
... les deux mains comme si c’était une Claymore lui annoncer qu’elle ne pourra pas entrer en une seule fois. C’EST ÉNORME !
Bref, le film se fit… Avec Vopicek, il fallait toujours accepter une part de risque. Là, le risque était évident : les mœurs du temps étaient rudes, et les stars habituelles rechignaient à montrer leur cul. Il décida donc de donner leur chance à quelques actrices porno de l’époque. Lulu la Nantaise jouait ma tante… Lily l’Auvergnate jouait ma mère, et mon page fut joué par un jeune comédien plein d’avenir dont je ne me rappelle plus le nom, mais qui se faisait appeler DSK.
Avant-première… Présentation du film. Tout le gratin était là. Le président de la République, le Premier ministre et son ministre de la Culture. Toute la critique également… Et puis des comédiens, des metteurs en scène ; bref, tous invités qui n’avaient pas payé l’entrée.
Premier plan…
Le chœur :
Là, on pouvait lire, dès le départ, comme le frémissement d’un début de déception sur les visages des spectateurs. Ils étaient venus voir un truc de chevaliers, avec des épées, des boucliers, des tournois… et ils voyaient soudain sur l’écran arriver un ménestrel qui faisait semblant de jouer de son luth alors que la bande son passait une polonaise de Chopin. Décalage voulu par le metteur en scène, bien sûr… Le message était que lorsqu’une épopée est racontée, on peut entendre les trompettes résonner rien qu’en imaginant les exploits du héros. C’était l’esprit troubadour, l’esprit ...