Les prédateurs
Datte: 29/05/2018,
Catégories:
fh,
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Voyeur / Exhib / Nudisme
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Auteur: Xavier2, Source: Revebebe
... silence, de gêne : Jan fixe sa femme, avec intensité. Delphine et moi échangeons des regards fuyants. Elle n’est pas maquillée, ses traits sont marqués, ses cheveux en bataille. Mais ce n’est pas moi qui lui ai fait cette tête de femme après une nuit d’amour. Et surtout, elle semble aimantée par le corps de Jan, qu’elle entoure de ses bras.
L’instant est étrange. Même la voix de Sophie me semble mal assurée quand elle dit d’une voix faussement joyeuse :
— Je fais le café, asseyez-vous.
Nous reprenons les mêmes places que la veille, Delphine face à moi, Jan face à une chaise vide que Sophie occupera bientôt. Il me tarde qu’elle revienne de la cuisine. La situation est inégale. Delphine est penchée vers Jan et ne regarde que lui. Je n’existe plus pour elle, comme si il lui avait fait subir un lavage de cerveau. Je la trouve terriblement belle, terriblement douce dans cette attitude docile et abandonnée. Alors, pour dissiper la morsure de la jalousie, j’ai besoin de la présence de Sophie contre moi, de la chaleur de sa cuisse contre la mienne. Je ne parviens pas à regarder Jan : il a baisé ma femme, j’ai baisé la sienne. Et j’évite les yeux de Delphine.
Sophie revient enfin, et pose la cafetière sur la table. Jan la fixe toujours aussi intensément. Elle le regarde aussi, droit dans les yeux, comme si Delphine et moi n’étions pas là. Jan se lève et lui dit :
— Viens
Sophie se lève aussitôt, son regard rayonne comme celui d’une petite fille comblée. Elle prend sa ...
... main et le suit dans leur chambre, dont la porte se referme. En un instant, je comprends pourquoi elle s’était maquillée et habillée sexy, ce matin. Ce n’était pas pour moi, mais pour lui !
Delphine aussi a compris. Elle se lève, comme piquée par un serpent :
— Il faut qu’on parte, tout de suite.
Elle dévale l’escalier. Quand je la rejoins dans la chambre, elle a enlevé son tee-shirt et enfile en vitesse les premiers habits qu’elle trouve dans la penderie. Son corps nu ne m’émeut pas. Il me semble étranger maintenant qu’elle l’a donné à un autre. Elle entasse ses affaires dans ses deux sacs :
— Je ne peux plus rester ici. On s’en va, loin, on prend le premier bateau. C’est notre seule chance, tu comprends. Ce sont des salauds, des prédateurs. Ils n’en ont rien à faire de nous. Ils nous ont utilisés. Il nous ont baisés. Reste si ça te plaît. Moi, je m’en vais. Mais si tu m’aimes, rendez-vous au port.
Elle file dans la rue. Les bruits qui viennent de là-haut laissent aisément deviner ce que font Jan et Sophie. Je me suis fait avoir, du début à la fin. Je repense à la manière dont Sophie regardait son mari ce matin, puis dont elle l’a suivi… C’est bien lui qui tire les ficelles dans leur couple. Et moi, j’ai peut-être perdu Delphine. Elle a raison : il faut qu’on parte, tout de suite, qu’on mette de la distance entre eux et nous. Je fais mes sacs, et descends vers le port.
Delphine est là. Elle me sourit, et agite deux billets qu’elle tient dans sa main :
— ...