1. A la gloire d'un grille-pain


    Datte: 21/05/2018, Catégories: f, revede, Humour Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... tout. C’est vraiment flippant.
    
    Tout devient violet très vite. Je pousse un autre soupir. Le calvaire commence. Ah, c’est la misère ce truc. Rester là, sans bouger, pendant vingt minutes. J’aime pas glander. En tout cas, j’aime pas glander au soleil. Et dans cette boîte à sardines, j’ai toujours l’impression de me trouver toute nue sous le soleil du Portugal, en train de me dessécher comme une figue. Qu’on ne s’y trompe pas, j’adore les figues. Mais je m’expose pas beaucoup, moi. En tout cas, jamais comme ça. J’en ai déjà marre et ça doit faire que deux minutes que je suis là…
    
    Il commence déjà à faire chaud. Au fil de mes séances, j’ai compris que la chaleur et l’intensité montent progressivement, sûrement pour préparer ma peau. Ce qui veut dire en général que je trouve déjà la chaleur insupportable au bout de 5 minutes. J’aime pas la chaleur.
    
    Mais j’aime pas le froid non plus. Mon mec dit que je suis chiante. Ben non, on est bien dans un pays au climat tempéré, non ? Eh ben, je suis comme ça, moi, j’aime bien les températures tempérées. Et on dit pas que le temps est chiant, lui.
    
    Quoique… avec tout ce qui se détraque. Les vieux disent qu’ils ont jamais connu ça. En même temps, va croire un vieux, toi. Ils te racontent souvent n’importe quoi, sous prétexte que t’étais pas né quand ils ont vécu les choses. J’en ai avalé des bobards, avant de comprendre que mon grand-père me faisait marcher. Sacré papi, va. Tiens, salut pépé. Où que tu sois, je pense à toi, t’as ...
    ... vu.
    
    Ça me rappelle un truc marrant. Ma meilleure amie a une fille de 8 ans. Il y a quelques années, la gamine, qui n’avait manifestement pas tout saisi, a demandé à sa mère si elle avait connu les dinosaures. Qu’est-ce que je me suis marrée quand elle m’en a parlé. Tiens, ça me fait encore rire.
    
    Je me marre toute seule dans la boîte chauffée à blanc.
    
    Mais qu’est-ce que je fous là ?
    
    Mes pensées dérivent encore, au gré des brumes de chaleur qui m’enveloppent. Je me marie dans une semaine et demie. J’espère que je fais pas une connerie. Si j’avais choisi une robe ivoire et bordeaux comme prévu, au lieu de celle-ci, sans couleurs, j’aurais pas eu peur de ressembler à un cul de poulet pas cuit. Et je serais pas là, dans le grille-pain, à me demander si je me transforme peu à peu en tranche de pain de mie dorée à point.
    
    L’espèce de ventilo, au bout de l’appareil, me souffle son air brûlant jusque dans la foufoune. Ça fait de drôles de sensations. Je me demande si on peut faire l’amour dans cette foutue machine, puis me dis que non. Ça doit craquer de partout là-dedans. Puis, c’est pas confortable.
    
    Ah, la vache. Je brûle. Je suis un morceau de lard en train de mijoter dans la soupe. Et ce n’est pas qu’une image, je suis trempée.
    
    Combien de minutes encore ? Qu’est-ce que le temps passe lentement, quand on glande. À croire qu’il s’engouffre dans une brèche spatio-temporelle. Alors que, quand je suis en retard, il passe à la vitesse de l’éclair, le salaud. Ça, c’est un ...
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