1. A la gloire d'un grille-pain


    Datte: 21/05/2018, Catégories: f, revede, Humour Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    Bon. Voici la bête.
    
    Je pousse un soupir et commence à me déshabiller. Remarque, c’est du vite fait, la robe par-dessus tête, un petit clic-clac pour le soutif, et comme j’ai pas de culotte… Je crois avoir lu un truc un jour, genre que les petites culottes étaient en voie de disparition et qu’on avait créé une assoc’…
    
    Je retire maladroitement mes tongs de deux coups de pieds nerveux. Dans un crac, elles atterrissent à deux secondes d’intervalle sur la déco de coquillages qui longe les murs de la pièce. Mon visage s’allonge en une grimace. Merde ! Elle commence bien, cette journée.
    
    Un coup d’œil vers la porte fermée, qui reste fermée. Pas un bruit. Ouf. Elles n’ont pas entendu.
    
    Je m’allonge précautionneusement. Ça craque de partout là-dedans. C’est ma troisième séance, et je sais maintenant que je m’y habituerai jamais. J’en avais jamais fait avant. Ben franchement, j’en ferai plus après, hein.
    
    Ah zut, les lunettes. Enfin, les trucs là, qu’ici on nomme pompeusement « lunettes ». Une copine m’en avait parlé :
    
    — Tu verras c’est troooop bien ! En plus, ils te fournissent les accessoires.
    
    Ben voyons. Six euros j’ai dû les payer, les machins bleus sans branches qui ne me resserviront jamais, à moins de me déguiser en Lor Lapinou dans la piscine municipale, et d’arborer les deux lorgnons débiles pour faire rire mes nièces. Mais elles vont vite s’apercevoir que j’y vois que dalle avec… en même temps, c’est pas fait pour.
    
    Je me lève et vais les chercher dans ...
    ... mon sac. En m’installant à nouveau dans l’appareil qui grince comme une vieille charrue, je songe à la « Tueuse ». C’est une nana de la piscine que j’avais baptisée comme ça. Elle venait tous les mercredis, comme moi, évidemment. Une très bonne nageuse. Et elle nage vite. Sur le dos, parfois. Sans regarder où elle va, cela va sans dire.
    
    Un jour, je me la suis bouffée. Ouais, tête contre tête. On aurait dit un champignon atomique. J’ai cru que mon crâne allait exploser, et j’ai failli couler. En revenant à la surface, en crachant et suffocant, j’ai lancé un regard noir à la « Tueuse ». Elle et son foutu bonnet de bain rose nacré. Elle s’est excusée et elle est repartie dare-dare. Genre, même pas mal ! Alors que moi j’avais la tête qui me semblait gonfler comme une citrouille !
    
    Et puis merde, elle avait quoi, seize ans, la pimbêche ? C’est dégueulasse, elle me foutait un coup de boule, et elle souffrait même pas. Saloperie de capuche débile. Ça ressemblait presque à une capote. Et elle devait être goût fraise, vu la couleur. Et ma mère qui se foutait de ma gueule.
    
    Pff.
    
    — Allez-y madame, j’entends soudain derrière la porte.
    
    Oui, bon, ça va. Pas la peine de me presser. Je tire vers moi ce que j’appelle le « couvercle », appuie sur « start » et me fourre les lorgnons sur les yeux. Ça fait un bruit pas possible, ce truc.
    
    Je m’y habituerai jamais.
    
    Quand ça démarre, on a l’impression que c’est une sorte de machine de guerre poussée à l’assaut, avec des lasers et ...
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