Chapitre 1 - Dakota - Histoires de Sexe

Chapitre 1 - Dakota

... dîner, il est à quatre pattes à tes pieds. Tu pourrais au moins saluer mes goûts gastronomiques…
— Je pensais que c’était le dessert, fis-je en introduisant un doigt dans l’intimité de la jeune Russe.
— Tu es trop gourmande ; cela te perdra.

Sasha gémit comme pour confirmer les propos de mon amie. Je grince des dents et accélère le mouvement de mon doigt.

— J’ai décidé de me retirer activement des affaires, m’annonce-t-elle.

Elle me connaît assez pour savoir que je ne mordrai pas à l’hameçon et ne poserai pas la question. C’est un autre de nos jeux.

Cette fois, je suis surprise. Mon doigt s’arrête ; je sens le corps de Sasha se contracter. J’essaye de rester impassible, ce qui signifie dans la plupart des cas que je me mure dans le silence, autre réaction que Claire connaît bien. Elle me laisse mariner pendant quelques minutes, caressant distraitement les seins de Sasha qui reste tendue, dans l’attente de ma réaction. À sa manière, elle participe à notre conversation.

— Nous allons réaliser ta ridicule idée de naviguer le monde sur un bateau. « Lâcher les amarres », pour reprendre ton expression.
— Pourquoi ? ne puis-je m’empêcher de demander, rompant une bonne dizaine de mes règles les plus précieuses, comme celle de ne jamais poser de questions par risque de ne pas aimer les réponses. Je pensais que tu haïssais la mer : c’est humide, inconfortable, sans parler des tempêtes, le manque d’air conditionné et une bonne centaine d’autres inconvénients.

Elle ...

... ne répond pas tout de suite ; elle reprend la maîtrise d’une conversation qu’elle n’a jamais vraiment perdue. Claire est une machine d’anticipation, et je suis certaine que le script se déroule exactement comme elle l’a imaginé. J’essaye par principe de masquer mon intérêt grandissant et renoue avec les mouvements de mes doigts, en ajoutant un deuxième pour marquer mon territoire et me rassurer sur ma capacité à contrôler le monde.

— Parce que j’en ai assez de te voir risquer ta vie dans les trous du cul du monde et de revenir comme un zombie sortant des enfers. De plus, nous ne sommes pas obligées de naviguer sur une épave.

Dans sa bouche, « trous du cul » sonne déplacé ; elle n’arrive même pas à y appliquer une once de vulgarité. Je sais qu’elle est sérieuse, qu’elle se prépare à un ultimatum.

— Et Sasha ?
— Nous en avons discuté pendant ton absence. Elle désire continuer ses études et poursuivre ce bizarre projet d’entrer à la NASA. Elle continuera d’occuper la maison, nous continuerons à financer ses études, et elle viendra nous voir de temps en temps.

J’accélère le rythme de mes doigts. Sasha ondule, ajoutant à notre conversation le bruit de ses chaînes, ses gémissements de bonheur. La table bouge ; heureusement que rien n’est posé dessus, mais je suis trop concentrée sur la conversation pour la corriger.

— Et qui va s’occuper de vos entreprises ?

Claire hausse les épaules.

— Des CEO, des administrateurs. Mon rôle sera limité à certaines décisions ...