1. Mon salaud de gendre me révèle à moi-même (3)


    Datte: 28/07/2021, Catégories: Hétéro Auteur: l'estello, Source: Xstory

    ... mettre un panneau à l’entrée : Auberge de jeunesse ». Je ne souris même pas.
    
    Nous passons à table, ma fille monte se coucher. Peu de temps après mon mari également. Pas question de trainer dans les parages, je lui emboite le pas. Au lit il me tourne le dos, je me blottis contre lui, j’ai envie qu’il me protège, qu’il fasse rempart au tentateur et à la culpabilité.
    
    Comme à son habitude en l’absence de rapport sexuel, il s’endort instantanément et moi j’en suis à compter mon dix-huitième troupeau de 50 moutons quand enfin je sens mes paupières s’alourdir et mon mental plonger dans les profondeurs du sommeil.
    
    Quelques secondes à sombrer qui me paraissent des heures quand je vois au travers de mes paupières closes une succession de lueurs. J’ouvre les yeux avec stupeur. Mon esprit remonte à la surface et aussitôt je comprends. Le flash de mon alerte sms. Mon cœur s’emballe, je n’ose pas bouger, je suis pétrifiée. Combien de temps je reste là immobile, cinq, dix secondes ? Je ne sais. Le silence aussi angoissant qu’assourdissant est rompu par un ronflement bestial de mon mari. Soulagement, au moins les lueurs ne l’ont pas réveillé.
    
    J’essaie de reprendre le contrôle de ma respiration, et me tourne délicatement pour me saisir du téléphone. Du bout des doigts, avec la délicatesse d’un horloger suisse, pour ne rien heurter. Enfin je le porte à mes yeux. Un grand « Boum » dans ma poitrine. C’est Jordan :
    
    — Descends dans la cuisine, faut qu’on parle
    
    Ce gamin est ...
    ... cinglé ! M’envoyer un sms alors que je suis au lit avec mon mari ! Au-delà du manque de respect c’est la prise de risque qui fait se tordre mes entrailles. Je suis là, les yeux bêtement fixés sur le téléphone à me demander quelle attitude adopter quand un second message arrive :
    
    — Dépêche-toi ou je viens te chercher !
    
    Alors là c’est la panique totale, je déroule en une fraction de seconde un scénario catastrophe dans ma tête. Je ne peux pas prendre le risque qu’il monte dans ma chambre.
    
    L’instinct de survie et le cerveau reptilien font des miracles. Malgré les kilos accumulés ces dernières années, je parviens à me « faxer » littéralement hors des draps et me diriger vers la porte. Un dernier coup d’œil à mon homme, puis un autre à la porte de la chambre de ma fille, et je descends l’escalier telle une ballerine sur pointe, le visage marqué par la peur et la colère en plus.
    
    En bas tout est sombre, l’atmosphère est pesante. Seules les ombres des meubles se détachent, éclairés par les faibles lueurs des appareils électriques branchés. Je ne vois pas Jordan, j’avance vers la cuisine. Même chose, il est fait très noir et mes yeux peinent à s’habituer. Au moment où je commence à distinguer une masse de forme humaine sa voix rompt le silence oppressant.
    
    — Alors, qu’est-ce qu’il t’arrive ?
    
    — Je veux que ça cesse. Ce qui est fait est fait et cela doit cesser.
    
    — Ce n’est pas si simple
    
    Je l’interromps en montant le ton
    
    — Oh oui ça l’est ! C’est terminé point barre ...