1. Jérém&Nico Saison 2 Episode 01 Recommencer sans lui.


    Datte: 23/06/2021, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... connaissance.
    
    Le fourgon noir à la silhouette carrée quitte l’avenue de Grande Bretagne, traverse la Patte d’Oie, St Cyprien, le pont St Pierre ; il franchit la Garonne et il rentre dans la ville, il parcourt les rues aux façades en brique rose ou jaune, ces lieux familiers qui ont été le théâtre de ta courte vie.
    
    Maudit accident, arrivé par une chaude nuit d’été, alors que tu n’avais même pas vingt ans !
    
    Pourquoi, mais pourquoi il a fallu que les choses se passent ainsi ? Pourquoi il a fallu que tu partes si tôt ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi, alors que tu avais de si grandes choses à accomplir ?!
    
    C’est horrible, c’est injuste. J’ai envie de pleurer, de me taper la tête contre le mur : pourquoi, toi ?
    
    Comment recommencer à vivre après ça ? Comment recommencer à vivre, sans toi ? Comment recommencer à vivre, sans toi sur cette terre ?
    
    Depuis trois jours, je ne dors plus, je ne mange plus : la douleur me tue. Je n’ai jamais ressenti rien de plus insupportable de ma vie.
    
    Ça ne faisait que quelques mois que tu étais entré dans ma vie, au printemps dernier ; et quelques mois plus tard, en cette amère fin d’été, je me retrouve en voiture avec ton meilleur pote pour t’accompagner dans ton dernier voyage.
    
    Je le regarde, effondré dans le siège passager, il n’arrive pas à contenir ses larmes, il est défait, anéanti.
    
    « Thibault B., pompier volontaire et espoir du rugby toulousain, victime d’un accident de la route dimanche dernier, succombe des suites de ses ...
    ... blessures » : voilà comment la « Dépêche du Midi » a raconté le chapitre final de ton existence. Ce n’était pas dans la partie « Dépêche de Toulouse », c’était dans le supplément « Sport » : car même si tu n’avais pas encore été titularisé dans le maillot rouge et noir, tu étais déjà considéré comme un pro.
    
    Il y a tellement de choses que j’aurais envie de te dire et que je regrette de ne t’avoir jamais dites : mais avant tout, je voudrais avoir eu le temps de te dire à quel point ça a été un honneur pour moi de t’avoir pour ami.
    
    Le fourgon noir s'arrête sur le parvis de l'église, devant l'entrée principale. Le hayon vitré s'ouvre, laissant apercevoir le cercueil couvert de fleurs. Tu es là-dedans, c'est vraiment ça.
    
    Les agents des pompes funèbres font glisser la boîte en bois brillant et cèdent la place à quatre hommes que je ne connais pas mais qui doivent faire partie de ta famille.
    
    Une musique résonne sous les voutes romanes de l'église : « November rain ». Cette chanson devait représenter quelque chose pour toi. Je n’ose pas poser la question à Jérém, brisé par la douleur.
    
    La grande foule venue te dire au revoir s’installe peu à peu, la chanson prend fin. Le curé dit quelques mots. Puis, ta famille et tes potes viennent pour te rendre un dernier hommage.
    
    Dans son costard bleu foncé, défait par le chagrin et pourtant beau comme un mannequin, Jérém monte au pupitre à son tour. En quelques mots, en laissant par moments pleurer son émotion, il nous raconte ...
«1234...18»