1. Brodsky de Bergerac


    Datte: 16/05/2018, Catégories: pastiche, Humour revebebe, poésie, Auteur: Brodsky, Source: Revebebe

    ... doit-on en déduire ? Que c’est un inverti ;
    
    Que pour masquer son vice il fait beaucoup de bruit. »
    
    Vous auriez pu user de la caricature
    
    Afin de souligner un peu mes impostures :
    
    « Il se prétend le fils de Charles Bukowski ;
    
    Pourtant, lorsqu’il est saoul, il n’est plein que de lui… »
    
    Voilà, mon bon Monsieur, vous auriez dit tout ça ;
    
    Mais il aurait fallu de l’esprit pour cela !
    
    Car pour manier l’injure il faut un peu de cœur,
    
    Mais surtout de l’esprit. Moi, j’ai l’esprit frappeur ;
    
    Mes colères sont terribles, et je suis rancunier :
    
    Voilà pourquoi, morbleu, il me faut vous défier.
    
    Allons, en garde !
    
    Je n’ai rien dit, rien fait, aussi démerdez-vous…
    
    Allons, prends ton épée ; moi, je tire… ma plume
    
    Et tu verras comment l’écrivain qu’on allume
    
    Par d’infâmes critiques se révèle parfois
    
    Sans pitié et bien peu respectueux des lois
    
    De cette bienséance qui, d’un ton feutré,
    
    N’a d’autre occupation que de l’assassiner.
    
    J’écrirai un poème tout en te corrigeant,
    
    Et arrivé au bout, toujours intransigeant,
    
    Je te découperai en tout petits morceaux.
    
    Par les dieux de l’enfer, désormais c’en est trop !
    
    Pour ta sale arrogance je te ferai punir :
    
    Sache que j’ai le grand pouvoir de te bannir !
    
    Bannissez-moi, mon Père, puisque je vais pécher
    
    Et refuser la grâce qu’on pourrait m’accorder.
    
    Je pèche par orgueil et nie la vérité ;
    
    Je dis qu’à cent kilos on est encore léger :
    
    Quand la plume est alerte, on n’est pas ...
    ... un balourd,
    
    Et qu’il est insultant de dire « lourd de chez lourd » !
    
    Puis c’est par gourmandise que je continuerai ;
    
    Celle des mots, bien sûr, dont j’aime me goinfrer.
    
    La luxure est un vice, et la mienne est sans fin :
    
    J’aime tant quand le fouet me lacère les reins,
    
    Quand mon corps entier saigne à force de griffures,
    
    Qu’à belles dents ma Dame m’inflige ses morsures.
    
    Et puis vient la colère… mais elle est légitime :
    
    Vous l’avez provoquée ; tant pis si c’est un crime.
    
    Quatre péchés sur sept – et quatre capiteux –
    
    Voilà qui est assez pour que quelques envieux
    
    Me destinent à l’enfer… Et c’est le cœur léger,
    
    Et c’est d’un pas alerte que je monte au bûcher.
    
    Enfin, pour vous maudire, je prendrai pour exemple
    
    Messire de Molay, le Chevalier du Temple.
    
    Bannissez-moi, mon Père, puisque j’ai tant péché
    
    Et que mon cœur de bronze n’y trouve aucun regret.
    
    Je vous attends, Monsieur ; battons-nous, ai-je dit.
    
    Soit, tu l’auras voulu ; et moi, je te maudis !
    
    Deux secondes, un instant, je cherche quelques vers…
    
    Voilà, je suis fin prêt.
    
    « Poème d’un balourd (c’est le titre) écrit pour Nafilo
    
    Avant un grand duel, en sortant du bistrot ».
    
    Je vous envie, Monsieur, qui êtes si léger
    
    Puisque c’est dans les cieux que vous vous permettez
    
    De juger les auteurs d’un ton sentencieux :
    
    Il faut pour cela faire être semblable aux dieux…
    
    Vos jugements sont forts et font beaucoup de bruit.
    
    On reconnaît, dit-on, le bon arbre à ...