Brodsky de Bergerac
Datte: 16/05/2018,
Catégories:
pastiche,
Humour
revebebe,
poésie,
Auteur: Brodsky, Source: Revebebe
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Acte I, scène 1
(Zorg, Nafilo, Zabora)
(Les trois compères devisent devant la cour d’un célèbre éditeur parisien.)
Avez-vous lu, Messieurs, le dernier libellé ?
Brodsky est de retour.
Et pourtant son public attend depuis des mois
De nouvelles histoires…
Faudrait-il se réjouir ou frapper dans ses mains
À chaque parution de ce sombre crétin ?
Rien dans sa prose qui ne donne envie de rire,
Juste des mots grossiers ; et puisqu’il faut tout dire,
Pour définir Brodsky, le seul mot qui me plaît,
Le seul que je retiens sera… vulgarité.
Nafilo, mon ami, quelle sévérité !
Par beaucoup de nos gens, Brodsky est bien jugé :
Il se montre bonhomme et il a l’art de plaire
À tout le petit peuple et aux gens ordinaires.
Donc, il incarne bien cette vulgarité
Qui ronge la culture dont nous sommes chargés
De préserver la lettre, et l’esprit, et le corps.
Zorg, bientôt nous devrons mettre Brodsky à mort.
Il est temps en effet, car il publie beaucoup,
Et des histoires pourries où je comprends pas tout.
Rassurez-vous, Madame : personne ne comprend
Ni vraiment ce qu’il est, ni pour qui il se prend.
C’est un fait : c’est un fat. Il s’applaudit sans cesse
Entouré de sa cour, il tortille des fesses,
Frétille de la queue devant n’importe qui
Qui lui fait les yeux doux ou a un mot gentil.
On le prétend génial, mais son style est balourd ;
Pour tout dire, je dirai qu’il est « lourd de chez ...
... lourd ».
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Acte I, scène 2
(Zorg, Nafilo, Zabora, Brodsky, Lilas)
J’ai entendu un mot qui m’a fait sursauter ;
Un mot fort peu aimable, et pourtant prononcé
Deux fois en une phrase. Le désir de blesser
Sans doute en est la cause. Me voilà offensé ;
Il faut que je réponde, et j’ai le choix des armes.
Non, Lilas, je t’en prie, tu retiendras tes larmes :
Mon honneur est atteint, ne sois donc pas cruelle,
Tu ne peux m’empêcher de courir au duel.
Ce mot est insultant. Il prétend à la fois
Que mon style est nul et que je suis en surpoids :
« Lourd de chez lourd » dit-on ! Ce qui veut dire pour l’heure
Que les mots sont pesants autant que leur auteur.
Voici que l’on me traîne dans le caniveau
Puisque lourd signifie médiocre et gras et gros.
Et il faudrait pourtant rester sans réagir ?
Non, Madame, Brodsky va se mettre à rugir !
Mais tout d’abord il faut que j’explique pourquoi
Cette acerbe critique m’a mis en émoi.
Écrire est ma passion, et j’écris bien des choses :
Des contes pour enfants, des vers ou de la prose,
Des romans historiques, des tracts syndicaux,
Des chansons, des poèmes, parfois de la philo.
Ici pour toi, lecteur, quand je dépose un texte
J’y mets beaucoup d’humour ; le cul n’est qu’un prétexte.
Croit-on que c’est facile d’écrire pour un public ?
Qu’il me suffit de boire direct à l’alambic ?
Qu’il ne faut point penser aux mots que l’on choisit ?
Qu’il ne ...